Le passif humanitaire en Mauritanie : un dossier national étouffé par le calcul politique. Le dossier du passif humanitaire en Mauritanie ne concerne pas uniquement les orphelins ou les veuves. Il engage toute la nation. Cette question, au cœur de la mémoire collective mauritanienne, ne peut être réduite à une simple formalité politique. Elle touche à la justice, à la dignité et à l’avenir du vivre-ensemble.
En 2022, des pourparlers ont été engagés afin de rouvrir sérieusement ce dossier. Une première commission avait recueilli un consensus national pour entamer un travail de vérité. Mais depuis, un flou persistant entoure le processus.
En 2024, alors que de nombreuses victimes réclamaient justice et l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993, deux émissaires de l’État ont été envoyés. Leur message ? Oublier la justice et se contenter de transmettre des doléances au président Ghazouani. Une telle approche, qui élude délibérément la question judiciaire, est une insulte à la mémoire des victimes. Pourtant, la Mauritanie dispose d’un cadre légal à travers les conventions internationales et la Charte africaine des droits de l’homme – pour traiter ce dossier avec sérieux. Ce qui fait défaut, c’est la volonté politique. Et cette absence de volonté sonne comme un aveu de culpabilité.
Tant que la justice est ignorée, la réconciliation restera un mirage. Le passif humanitaire n’est pas un dossier à solder à huis clos, ni à exploiter pour calmer des tensions passagères. Il est une condition sine qua non de l’unité nationale. Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour exiger que le président prenne enfin ses responsabilités. Mais l’omniprésence des calculs politiques menace de réduire ce combat à un simple outil de gestion. Il est temps de rappeler : ce dossier concerne tous les Mauritaniens. Tant qu’il restera sans réponse, notre pays restera divisé.
Mamoudou Baidy Gaye dit Alia
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