Aujourd’hui, dans la haute sphère de l’Etat, il n’est question que de la cérémonie d’investiture du président de la République, du nombre de chefs d’Etats du monde qui seront présents, du discours que le Chef de l’Etat va prononcer, mais surtout des fastes qu’il faudra déployer pour montrer à nos hôtes combien nous sommes riches, combien nos avenues sont belles, nos voitures de services rutilantes et nos résidences merveilleuses. Une insulte presque au moment où à Gaza, des centaines de femmes et d’enfants se font égorger, et où davantage de familles sont sinistrées à Mbout. Plus d’1 Milliard d’UM à claquer l’espace de quelques heures, alors qu’un Adwaba à l’est du pays n’a besoin que de 50.000 UM pour boire, et que la Mauritanie toute entière croule sous une misère endémique.
D’ailleurs, l’investiture fastidieuse de chefs d’Etat, issus d’élections à la transparence souvent douteuse pour des démocraties de façade, est considérée par certains observateurs de gaspillage à ciel ouvert de ressources publiques. Il s’agit d’un effet de mode made in Africa, le continent le plus pauvre et le plus miséreux. Si les pays nantis où la pauvreté est insignifiante peuvent s’offrir le luxe d’un tel cérémonial onéreux, il n’en serait pas question des pays les plus démunis de la planète.
En Mauritanie, des présidents ont toujours été élus, sans que leur investiture ne prenne une aussi grande ampleur, fait-on remarquer. Reste que la cérémonie prévue le 2 août 2014 au Stade Olympique de Nouakchott est considéré comme la plus importante que le pays ait connue. Plusieurs chefs d’Etat, essentiellement africains, seraient attendus. Les monarques arabes du Golfe auraient décommandé, ainsi que certains alliés européens.
Magnanimes, le nouveau président élu qui entame un deuxième et dernier mandat, aurait, selon plusieurs sources d’information, invité les leaders politiques de l’opposition radicale qui avaient boycotté la présidentielle du 21 juin dernier. Seulement, il y aurait peu de chances que ces partis acceptent l’invitation, selon les mêmes sources.
Ce qui est sûr, c’est que l’organisation d’une telle cérémonie d’investiture provoque déjà un grand tollé au niveau national. Certains dénoncent les « dépenses faramineuses » pour soigner une image et lui délivrer un certificat de respectabilité. Ce qui n’empêche, selon d’autres, que « les démocraties qui se respectent s’abstiendront de se faire représenter à un premier niveau et se contenteront d’envoyer des représentants au niveau ministériel ou diplomatique ».
La tenue de telles fastes est si offensante, selon d’autres, qu’à quelques milliers de kilomètres de là, en terre de Palestine, des enfants et des femmes se font massacrer à Gaza. Pire, à moins de 600 Kilomètres, des centaines de familles sinistrées vivent dans la précarité, alors que le premier responsable du pays, s’éclate entre deux éclats de rire.
Cheikh Aïdara
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