Deutsche Welle – Safiatou Bah a pris sa décision. Elle va quitter la Guinée. Quitter ses trois enfants. Pour tenter de garantir leur avenir. Elle fait partie de ces milliers de jeunes guinéens qui ont tenté l’immigration clandestine ces dernières années, découragés et à court d’opportunités économiques et d’espoir dans leur pays secoué par quatre ans de transition politico-militaire.
« Je pars parce que je souffre ici. Tu te bats et il n’y a personne qui t’aide », lance-t-elle. « Je vais laisser mes enfants avec ma maman. C’est une décision difficile mais je n’ai pas le choix… »
Comme Safiatou, Abdourahim Diallo, père de deux enfants, dit ne plus avoir d’avenir en Guinée, où il ne trouve pas de travail.
« J’ai beaucoup de famille qui compte sur moi… mais il n’y a rien pour moi ici. »
Depuis les côtes guinéennes, une nouvelle route migratoire clandestine se dessine vers l’Europe. Une route longue, dangereuse, qui mène aux îles Canaries. Des milliers de jeunes guinéens tentent la traversée chaque année. Ils fuient la pauvreté, le chômage, l’absence de perspectives.
Instabilité politique
Quatre ans après avoir renversé le président Alpha Condé, Mamadi Doumbouya est officiellement candidat à la présidentielle prévue ce 28 décembre 2025. Un revirement qui marque un tournant décisif dans une transition longtemps présentée comme provisoire.
Mamadou Yero Diallo, 30 ans, est penché sous le capot d’une voiture dans son garage. Il assure être prêt à partir clandestinement cette année.
« Je voulais travailler un peu ici pour gagner de l’argent et partir. Ici en Guinée, on se débrouille, on gagne un peu pour la nourriture, rien de plus. »
Le renforcement des contrôles au Sénégal, en Mauritanie et au Maroc a poussé les pirogues à partir plus au sud. Au moins huit bateaux ont quitté la Guinée depuis le printemps. Chacun transportait plus d’une centaine de personnes.
Entre peur et espoir
Elhadj Mohamed Diallo, directeur de l’Organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière (OGLMI), côtoie quotidiennement cette jeunesse.
« Quand vous leur dites que la route est dangereuse, la plupart répondent que là où nous sommes, on est déjà morts en fait… Vaut mieux tenter… »
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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