– Les récits de certains co-accusés et témoins au cours des deux jours de procès ont révélé un système de captation de l’argent public « au profit d’intérêts privés », se chiffrant en milliards de francs CFA -et d’euros- selon le réquisitoire du procureur général Eddy Minang.
Et à la barre, certains d’entre eux ont dévoilé les sommes vertigineuses ponctionnées dans les caisses publiques et utilisées à titre privé.
-« Luxe déconnecté »-
Selon le ministère public, « l’argent du peuple a été pris, recyclé, blanchi, et réinvesti dans un luxe déconnecté » pendant les 14 ans de pouvoir d’Ali Bongo (de 2009 à 2023).
L’argent a servi à acquérir des champs pétroliers à hauteur de 350 milliards de francs CFA (environ 533 millions d’euros), deux avions Boeing (195 milliards de francs CFA, un peu plus de 297 millions d’euros) et des biens mobiliers au Gabon, au Maroc et à Londres à hauteur de 170 milliards de francs CFA (environ 259 millions d’euros), toujours selon l’accusation.
L’accusation estime la totalité des sommes détournées par Sylvia et Noureddin Bongo à 4.917 milliards de CFA, soit près de 7,5 milliards d’euros.
Le président de la cour criminelle spécialisée, Jean Mexant Essa Assoumou, a suivi les réquisitions du ministère public, et déclaré Sylvia Bongo, 62 ans, coupable de « recel et de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, usurpation de fonds et d’instigation au faux », et Noureddin Bongo, 33 ans, de « détournement de deniers publics, de concussion, d’usurpation des titres et de fonction, de blanchiment aggravé de capitaux et d’association de malfaiteurs ».
Tous deux ont été condamnés à « 20 ans de réclusion criminelle et 100 millions de francs CFA d’amende (environ 152.000 euros) d’après le verdict tombé tard dans la nuit de mardi à mercredi et retransmis en direct sur la chaîne d’information d’Etat Gabon 24 ».
Mercredi, sur son compte X, Noureddin Bongo a dénoncé « un verdict qui repose sur les dires de témoins sous contrainte de la junte militaire » et une justice « aux ordres de l’exécutif », clamant « qu’il n’a jamais détourné d’argent ».
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© AFP/Archives Comme annoncé depuis la mi-octobre, ni Sylvia ni Noureddin Bongo, installés à Londres, ni leurs avocats ne se sont présentés à l’audience |
Au titre du préjudice financier subi par l’Etat gabonais constitué partie civile, la justice a également condamné Noureddin Bongo à payer plus de 1.201 milliards de francs CFA (1,83 milliard d’euros). Sylvia et Noureddin Bongo devront aussi payer ensemble 1.000 milliards de francs CFA (1,52 milliard d’euros) à l’Etat gabonais au titre de préjudice moral.
Libreville ()
Source : Courrier international (France)
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