Rendons à Hollande « Président normal » qui est de lui et avait fait florès à la présidentielle de 2012. Vertueux, le « président normal » devait être le contrepoint du « monarque républicain » et de ce qu’on a appelé avec Macron un président jupitérien. Macron qui, lui, se veut un « président à portée d’engueulades ». Et même de gifle, ajouterons-nous. Un « président normal » n’est pas nécessairement synonyme de médiocrité. Le président Diomaye, revenons à lui, a ceci de particulier qu’il n’est pas du sérail. Idem de son PM. L’un et l’autre n’avaient jamais été aux responsabilités.
Ce qui les différencie d’un Ouatara, d’un Biya… Cette virginité a séduit avant d’inquiéter. En cause, la fameuse impréparation. Critique d’ailleurs contestable parce que minorant toute alternance véritable et confinant le renouvellement de la gouvernance à une sorte de rotation. Un président de la république n’est pas choisi à la manière d’un futur dalai lama ou d’un futur roi. Cela étant, on ne peut totalement déconsidérer l’expérience. Le couple politique Diomaye-Sonko l’expérimente à ses dépens.
Un Amadou Ba ou un Idrissa Seck auraient été probablement plus opérationnels d’emblée. Ce n’est pas un jugement de valeur et ça l’est d’autant moins qu’on peut être opérationnel au service d’un projet politique contestable. Simplement, le fait est qu’on ne peut pas tout avoir. Etre dépourvu de background gestionnaire, de dimension historique, se situer à hauteur de citoyen ordinaire (de moins en moins, on se fait très vite aux attributs du pouvoir) et être profilé d’entrée de jeu. Peut-être, devrions-nous en Afrique copier le système britannique du shadow cabinet, ce gouvernement parallèle prêt à prendre le relais le moment venu.
En attendant, force est de constater que, pour l’instant du moins, le couple DS semble davantage plus enclin et plus à l’aise en procureur de l’action de ses prédécesseurs qu’en initiateur d’une action politique propre. Au risque de s’apparenter à un cabinet d’audit.
Tijane BAL pour Kassataya.com
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