Le train corail commençait sa décélération, les semelles de fonte crissaient contre les rails dans un bruit assourdissant.
Bienvenue à Saint-Brieuc préfecture des côtes du Nord.
C’était un dimanche à 23h05, un tour d’horloge complet depuis le tarmac de Nouakchott.
Ma petite valise à la main, j’étais sorti de la gare à la recherche d’un hôtel en attendant d’intégrer l’internat des Maths-Sup.
Je ne pensais pas, j’avançais le pas hésitant, une certaine inquiétude m’envahissait peu à peu.
Non Monsieur, c’est complet.
La foire agricole battait son plein, tout était complet. Et ça depuis Nouakchott, je ne l’avais pas anticipé.
Après plusieurs tours, j’avais fini par trouver une chambre dans un hôtel trop étoilé pour mon portefeuille. Les quelques devises si chèrement acquises à la banque centrale de Mauritanie s’évaporaient à vue d’oeil.
Qu’importe, me voilà logé dans une luxueuse suite.
Passe encore l’immense lit, le bureau…Mais alors la salle de bains, un véritable bijou pour un enfant de la médina 3 qui ne connaissait que le petit filet d’eau qui descendait de la pomme de douche quand le sur-presseur voulait bien marcher. C’était plutôt la bassine d’eau souvent fraîche.
Vite un bain, une douche.
Il y avait probablement erreur. Impossible d’avoir de l’eau chaude. Je tournais le robinet dans tous les sens, pas une once de chaleur.
Dans les films, il y avait deux robinets distincts eau froide et eau chaude.
L’erreur était manifeste.
En effet, c’était un mitigeur nécessitant un temps de latence pour obtenir la température souhaitée.
Les films indiens, westerns et autres polars à Nouakchott avaient souvent ce petit temps de décalage,
ils n’avaient pas intégré cet élément.
Tant pis, la douche était bien glaciale pour un jeune de la Médina 3 désormais désargenté !
Elbane Hamady
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