– « Ce n’est pas facile mais on y croit » : Aliou Sow se bat pour éditer des livres qui parlent aux enfants de la Guinée, afin qu’ils s’approprient les histoires de leur pays et non celles de l’Occident.
En compagnie d’autres éditeurs d’Afrique de l’ouest francophone, l’entrepreneur guinéen est venu se faire connaître au salon du livre jeunesse de Montreuil près de Paris, le plus grand de France, qui se tient jusqu’à lundi.
Il y expose et vend les principaux livres publiés par sa maison d’édition, Ganndal (« savoir » en langue peul) : « L’Ananas, grand jusqu’au ciel », « Le Garçon qui mouillait les poules », « Djembé jaune »…
Ces albums colorés « sont écrits par des auteurs guinéens et racontent des histoires de notre pays », souligne Aliou Sow.
Il montre aussi des livres destinés à faire découvrir aux adolescents les héros nationaux, comme « le farouche combattant » Samory Touré ou les contes de la région montagneuse du Fouta-Djalon.
« Quand j’étais jeune, tous les livres ultérieurs de l’étranger, surtout de France. Blanche-Neige et Tintin ont bercé notre enfance », se souvient Robert Nkouamou, éditeur camerounais.
« Nous avons réalisé qu’il était important de proposer des histoires qui nous ressemblent et qui parlent à nos jeunes », ajoute le directeur de la maison d’édition Akoma Mba, basée à Yaoundé.
Il cite l’exemple de « L’arbre à merveilles », un roman de Vincent Nomo qui raconte comment un homme parti de son village ravagé par la sécheresse tombé sur un arbre luxuriant et couvert de beaux fruits qui changera la vie des siens.
– Modèle fragile –
En Côte d’Ivoire, des livres de la maison d’édition Les classiques ivoiriens abordent des sujets sensibles, comme « Mwinda, la petite lumière », sur une petite fille albinos, ou « J’ai mes premières règles », un livre qui évoque cette question « d’une manière ouverte » pour les filles de 9 à 14 ans.
« Il est très important de s’adresser aux adolescents, qui n’ont pas accès à beaucoup de livres qui traitent de leur vie et de leurs problèmes », indique Dramane Boaré, son fondateur.
Cette maison d’édition basée à Abidjan est l’une des plus importantes d’Afrique de l’ouest, où elle exporte une partie de sa production automobile « certaines pays ne produisent pas ou peu de livres de jeunesse », selon son directeur.
Au Bénin, une jeune maison d’édition a publié une quinzaine de bandes dessinées depuis 2020, dont « Kutonu à fon », sur les péripéties d’une étudiante voulant devenir influenceuse, ou « Aventures béninoises », un album collectif de « la nouvelle vague de dessinateurs » du pays.
« Notre défi est de réussir à faire lire et aimer la BD par les Béninois alors qu’elle n’existait pas encore récemment », explique le créateur de Bénin BD, Constantin Adadja.
Quel que soit leur pays, les éditeurs d’Afrique de l’Ouest présents à Montreuil estiment que, malgré des avancées, leur activité reste très fragile.
« En Afrique comme ailleurs, c’est de plus en plus difficile de faire lire les jeunes, car ils sont plus attirés par les écrans », se désole l’Ivoirien Dramane Boaré.
Mais le plus difficile est de réussir à trouver un modèle économique viable, même si la publication de manuels scolaires peut aider à équilibrer les comptes.
« La fabrication d’un livre de littérature est onéreuse et le pouvoir d’achat des clients est faible. Il ne faut donc pas qu’un livre coûte plus que quelques euros », précise Constantin Adadja, en constatant avec envie que le prix d’un livre jeunesse dépasse souvent 10 à 15 euros en France.
Source : Le Soleil (Sénégal) – Le 29 novembre 2025
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