AFP – Le président intérimaire syrien, Ahmad el-Chareh, entame une visite officielle inédite à Washington, au cours de laquelle il doit être reçu lundi à la Maison Blanche par Donald Trump, consacrant l’alliance de l’ancien jihadiste avec les États-Unis. Il s’agit de la première visite bilatérale d’un chef d’État syrien aux États-Unis depuis l’indépendance du pays en 1946.
La visite du dirigeant syrien intervient au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme, dans la foulée de la levée des sanctions contre M. Chareh par le Conseil de sécurité de l’ONU.
À la tête d’une coalition islamiste, Ahmad el-Chareh avait renversé le dirigeant de longue date Bachar el-Assad en décembre 2024, mettant fin à une guerre civile de plus de 13 ans.
Selon les médias officiels syriens, M. Chareh est arrivé à Washington samedi et a rencontré des représentants des organisations syriennes dans la capitale fédérale. Lors de sa visite, il devrait signer un accord pour rejoindre la coalition antijihadiste menée par les États-Unis, selon l’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack. Le groupe jihadiste État Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l’armée syrienne.
Les États-Unis prévoient pour leur part d’établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l’AFP une source diplomatique en Syrie.
Basket
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad el-Chaibani, qui accompagne M. Chareh, a mis en ligne samedi une vidéo tournée avant le voyage illustrant le réchauffement des relations avec les États-Unis. On y voit les deux hommes échangeant des passes de basket-ball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu’avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert.
Le ministère syrien de l’Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une « campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l’EI », selon l’agence officielle Sana. Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d’Alep, d’Idleb, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l’organisation, a-t-il été précisé.
Bouleversement
Jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU avait levé les sanctions contre M. Chareh, saluant dans une résolution préparée par les États-Unis l’engagement des nouvelles autorités à « lutter contre le terrorisme ».
M. Chareh dirigeait il y a un an encore le groupe Hay’at Tahrir el-Cham (HTC), l’ancienne branche syrienne d’el-Qaëda. Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l’Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.
Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d’un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.
Les deux hommes doivent également évoquer les négociations avec Israël et la reconstruction de la Syrie, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d’euros), selon la Banque mondiale. M. Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d’Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d’Israël par plusieurs pays arabes.
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