Sénégal : en remportant la mairie de Dakar, le parti au pouvoir confirme sa mainmise sur la vie politique

C’est la première fois depuis 2009 que la capitale sénégalaise n’est pas tenue par l’opposition. Une belle prise pour le Pastef, au pouvoir depuis avril 2024.

Le Monde – Cela ne s’était pas vu depuis 2009 : Dakar, capitale d’ordinaire ralliée à l’opposition, est désormais tenue par le parti au pouvoir au Sénégal. Depuis le 25 août, c’est Abass Fall, cadre des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) et actuel ministre du travail, qui siège à la mairie. « Pour le Pastef, c’est une réussite complète. La cerise sur le gâteau », constate Babacar Ndiaye, politologue au West Africa Citizen Think Tank (Wathi).

« Dakar est une ville où nous sommes très populaires. Dans le parti, on se dit juste que notre dû nous revient », commente sur un ton laconique un responsable local du mouvement, sous couvert d’anonymat. Le même balaie les doutes quant à la légitimité de l’élection au suffrage indirect émis par Ngoné Mbengue, qui avait assuré l’intérim à la mairie après l’éviction du maire sortant, Barthélémy Dias.

Ce dernier, issu du Parti socialiste sénégalais, s’était allié au Pastef pour se faire élire en 2022. Mais son compagnonnage avec le mouvement d’Ousmane Sonko a rapidement viré à l’aigre, au point de frôler la bataille rangée lors de la campagne des législatives en octobre 2024. Après l’attaque d’une caravane de militants du Pastef à Dakar, Abass Fall, qui dirige alors le parti dans la région capitale, appelle ses partisans à s’armer de machettes, avant de faire machine arrière. Plus tard, le siège de campagne de Barthélémy Dias est incendié par des inconnus munis de cocktails Molotov.

Un suffrage indirect majoritaire

Au sortir de cette campagne explosive, le Pastef, qui a largement emporté la présidentielle huit mois plus tôt, à la surprise générale, s’impose comme la principale force dans la capitale. Barthélémy Dias, lui, est déchu de ses fonctions de maire, en décembre 2024, en raison d’une condamnation pour homicide remontant à 2011, après un long processus judiciaire et administratif. Lorsque, en juin 2025, l’Etat presse le conseil municipal de Dakar de se réunir pour choisir un nouveau maire, par une élection au suffrage indirect majoritaire, le Pastef se sait en position de force.

La prise est belle. La mairie de Dakar gère un budget annuel qui avoisine les 60 milliards de francs CFA (quelque 91,5 millions d’euros). L’agglomération concentre environ 20 % des 18 millions de Sénégalais. Et les chantiers ne manquent pas.

Barthélémy Dias avait placé la santé et le pavage de rues en haut de ses préoccupations. Quelles seront celles d’Abass Fall ? « Le logement et le transport sont tout en haut de nos préoccupations », affirme Moctar Magassouba, bras droit du nouvel édile, qui ajoute : « Nous voulons répondre au manque de crèches au plus vite, et nous ferons un point rapide concernant les espaces verts. »

Le même assure que le projet de convertir en espace vert une partie de l’ancienne piste d’aéroport située en plein centre de la capitale sera remis à l’étude. La demande avait réuni des milliers de pétitionnaires en 2020, et malgré des promesses avait été laissée à l’abandon.

Un authentique « boy Dakar »

« Les maires précédents se plaignaient parfois de voir l’Etat leur mettre des bâtons dans les roues. Abass Fall, lui, a l’Etat de son côté. Dakar risque de devenir la vitrine, le laboratoire des politiques du Pastef, souligne Babacar Ndiaye. Cette situation de puissance rare engage d’autant plus le parti. »

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 (Dakar, correspondance)

 

 

Source :  Le Monde 

 

 

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