La Cédéao va créer sa propre force contre le terrorisme

Il s'agit d'une brigade de 260.000 hommes avec un financement de 2,5 milliards de dollars par an. Mais ce projet pourrait être confronté à certains obstacles.

 

Une enveloppe de 2,5 milliards de dollars a été approuvée pour financer cette armée régionale, présentée comme une réponse aux attaques de plus en plus meurtrières menées par les groupes armés dans le Sahel et le golfe de Guinée.

Cependant, certains experts sont sceptiques quant aux capacités de l’organisation sous-régionale à réussir une telle opération. Parmi eux, Dicko Abdourahamane, enseignant-chercheur à l’université de Zinder, expert en questions sécuritaires, politiques et stratégiques.

« La Cédéao a maintes fois fait ce genre de déclaration et de promesse, mais, dans la pratique, nous n’avons pas véritablement senti un engagement tangible de cette même organisation qui, il faut le rappeler, n’a pas joué un rôle assez important dans la lutte contre le terrorisme et dans la lutte contre les groupes jihadistes, qui ont transformé une partie de l’espace Cédéao en un véritable sanctuaire.  Le projet, dans la forme, est soutenable, mais, dans la pratique, il n’est réellement pas envisageable, dans un contexte où la Cédéao fait face justement à des difficultés financières, des difficultés institutionnelles, mais aussi à des difficultés structurelles », explique le chercheur.

Tout en se disant favorable à une telle initiative, Emery Owolabi, expert en sécurité, émet aussi des réserves quant au financement de cette force.

« Nous savons que beaucoup d’Etats de la région peinent déjà à honorer leurs contributions régulières, que ce soit dans le cadre de la Cédéao ou de l’Union africaine. Il y a plusieurs Etats qui ne payent pas leurs cotisations. Maintenant, si on compte sur les promesses de l’Onu, je crois qu’il ne faudra pas espérer un gros financement tout de suite.  Il ne faudra pas non plus compter sur les partenaires extérieurs. L’exemple de l’échec du G5 Sahel est encore dans nos mémoires », prévient Emery Owolabi.

La coopération avec le Mali, le Burkina et le Niger

Autre question qu’il faudra résoudre : la coopération avec les pays de l’Alliance des Etats du Sahel. Invités à Abuja, le Mali et le Burkina Faso n’ont pas fait le déplacement. Seul le Niger a participé aux travaux.

Sans la participation de ces pays de l’Alliance des Etats du Sahel, l’initiative pourrait être vouée à l’échec, selon Emery Owolabi.

« La lutte contre le terrorisme ne peut pas se limiter au périmètre actuel des pays de la Cédéao. Il faudra trouver un cadre de dialogue et d’interopérationnalisation avec les Etats de l’Alliance du Sahel qui sont aujourd’hui en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. »

L’Afrique de l’Ouest, en particulier la sous-région du Sahel, est devenue l’épicentre du terrorisme mondial, plusieurs études indiquant que le Sahel a représenté la moitié des décès liés au terrorisme mondial en 2024.

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Mahamadou Abdoulkarim

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

 

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