
Le Quotidien – Le guide religieux Chérif Mohamed Aly Aïdara est un globe-trotter. Qui parcourt le monde pour la compréhension et l’expansion de l’islam originel qu’est le chiisme, mais aussi pour prêcher la paix, soigner, donner à boire, à manger et éduquer ses frères en l’islam et en la Création. Sans distinction de région, de religion ou d’école. Et cela partout en Afrique de l’Ouest, et même aux Amériques. C’est que le natif de Daroul Hijirat, village situé dans le département de Vélingara (Sud du Sénégal), place le développement intégral de l’homme et la promotion de l’islam au cœur de ses préoccupations au quotidien.
Depuis bientôt 40 ans, il parcourt le monde pour contribuer à relever principalement 2 défis : le développement intégral de l’humain et l’expansion de l’islam originel. Pour ces 2 défis, Chérif Mohamed Aly Aïdara ne se fixe pas de limites territoriales, raciales ou confessionnelles. Le natif du village de Daroul Hijrat, situé dans le département de Vélingara (Sud du Sénégal), a dit : «Depuis 35 ans et peut-être plus, je parcours le monde. J’ai fait tous les continents à la recherche du savoir. A chaque fois que je reviens dans mon village natal, l’extrême pauvreté des gens me gêne. Me révolte. Une pauvreté qui est paradoxale pour une zone assez pluvieuse, avec une terre abondante et fertile, et de jeunes bras pour travailler. En plus, je remarque un déboisement accéléré de la forêt, autrefois si dense. Cette situation m’a poussé à créer l’Institut Mozdahir International (Imi) pour aider les communautés humaines à se soigner, à se développer, à étudier et puis à restaurer et revitaliser l’environnement.»
Mozdahir est aussi l’appellation donnée à la communauté religieuse chiite dont Mawlana Chérif Mohamed Aly Aïdara est le guide. Quels rapports entre la religion et les actions de lutte pour le développement humain, pour la santé et contre l’ignorance que mène l’Imi ? Chérif Mohamed Aly Aïdara explique : «La foi religieuse et le développement sont des notions inséparables. Comme je me suis fixé le défi de vulgariser l’islam originel légué par mon ancêtre le Prophète Mohamed (Psl), je dois beaucoup communiquer, parler aux gens. Ceux à qui l’on parle doivent être dans des dispositions de bien comprendre et intégrer le message. Pour cela, il faut que mes interlocuteurs soient en bonne santé, qu’ils n’aient pas faim et qu’ils aient un minimum de savoir.»
Il poursuit : «C’est pourquoi, avec l’institut, nous avons construit des écoles dans toutes les régions du Sénégal et dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans ces écoles, on enseigne le programme officiel en vigueur dans le pays. Ces écoles sont construites avec des mosquées, des infrastructures de santé, des radios et un dispositif de financement d’activités génératrices de revenus. Nous avons planté plus d’1 million d’arbres au Sénégal. L’Institut Mozdahir International a obtenu un accord de siège avec le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, la Sierra-Leone, etc. Nous appuyons les communautés de ces pays, en concertation avec leur administration, pour leur épanouissement et leur bien-être. Dans nos écoles, nos mosquées, nos structures de santé et pour les financements, tout le monde est éligible, sans distinction d’origine, de religion ou d’école religieuse.» Il enchaîne encore : «Pour moi, tous les humains sont des frères : on est soit frères en la foi, soit frères en la Création divine.»
On ne doit pas alors s’étonner de l’entendre dire : «Nous avons installé un Bureau Imi en Haïti, qui n’est pas un pays musulman. Nous appuyons beaucoup les populations de ce pays. Nous avons beaucoup contribué à soulager ces populations lors de l’avènement de la pandémie du coronavirus.»
Toujours dans le souci d’impulser un développement intégral de tous les hommes, à travers tous les continents, Mawlana Chérif Mohamed Aly Aïdara a aidé à la compréhension de l’islam, un islam de paix et de développement, en animant des conférences pour des organisations ou des institutions internationales. «J’ai animé des conférences internationales sur l’islam en Chine, en Pologne, en Amérique, particulièrement à Himalayan Institute de Pennsylvanie. Ces conférences ont permis de lustrer l’image de l’islam, pour réparer les faux clichés déformants collés à notre religion.»
«Ma rencontre avec le chiisme»
Chérif Mohamed Aly Aïdara n’a pas fréquenté l’école française. Il n’y en avait pas dans son village natal de Daroul Hijrat, situé à 25 km de la cité religieuse de Médina Gounass. «Notre village est une dépendance de Médina Gounass qui n’admet pas l’installation d’école d’enseignement en français. Jusqu’à nos jours, il n’y en a pas d’ailleurs. J’ai étudié le Coran et l’islam auprès de mon père qui est un érudit de l’école Malikite. C’est cet islam que j’ai connu jusqu’à l’âge de 17 ans, quand j’ai quitté mon village. Je me suis retrouvé en France dans les années 80, ne parlant et n’écrivant pas le français. Pour faciliter mon séjour dans ce pays, je me suis inscrit à l’Institut français de Paris pour suivre des cours. J’y ai rencontré des personnalités et diplomates du monde arabe qui, également, ne parlaient pas français. Ils étaient mes interlocuteurs aux heures de pause, puisque je parlais déjà arabe. Ce sont eux qui m’ont parlé du chiisme pour la première fois. J’ai beaucoup lu et échangé avec beaucoup de personnalités à travers le monde. Dans les années 87-88, je me suis reconverti chiite, après avoir lu plusieurs documents liés au chiisme et fait des études critiques et comparatives avec l’islam sunnite que je pratiquais.»
Par Abdoulaye KAMARA-akamara@lequotidien.sn
Source : Le Quotidien (Sénégal) – Le 21 août 2025
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