Chantiers à l’arrêt à Nouakchott : «Les Mauritaniens refusent de travailler au même salaire que les Maliens»

Vidéo - Après les secteurs de la pêche, du prêt-à-porter et du commerce des fruits et légumes, c’est autour de la construction de subir le retour de manivelle de l’expulsion des migrants maliens, sénégalais et guinéens. Faute de main d’œuvre, plusieurs chantiers sont à l’arrêt et les prix des matériaux de construction explosent.

 Le 360.ma – La récente reconduite aux frontières de migrants en situation irrégulière dont essentiellement des ouest-africains, continue d’impacter certains secteurs clés de l’économie mauritanienne, particulièrement l’ensemble de la chaîne de la construction.

Le déficit en ouvriers se fait ressentir à tous les étages, de la fabrication des briques à la construction d’immeuble. Même les travaux de finition pâtissent de ces départs forcés.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre : explosion des prix des matériaux, chantiers à l’arrêt.

Sadio Camara, propriétaire d’un dépôt de briques, explique «nous faisons face à une absence de main d’œuvre après le départ des migrants maliens. Les autorités s’étaient engagées à trouver une solution par la formation de nos employés grâce aux services d’un spécialiste malien, mais nous attendons toujours. La pénurie persiste et provoque une hausse des prix. Le travail est à l’arrêt sur tous les chantiers».

Ces reconduites aux frontières ciblent les migrants en situation irrégulière. Elles touchent particulièrement les ressortissants des pays d’Afrique de l’ouest dont les Maliens, les Sénégalais, les Guinéens et les Ivoiriens qui sont parmi les plus importantes communautés étrangères présentes dans le pays dont nombreux sont en situation irrégulière.

Allant dans le même sens, Sidi Mohamed, client, apporte également son témoignage : «depuis plusieurs semaines, les briques sont introuvables. J’essaie d’en trouver mais on me dit qu’il faut d’abord passer commande puis faire preuve de patience. Et quand la marchandise est enfin livrée, c’est avec des prix en hausse. Après le départ des Maliens, qui travaillaient pour un salaire mensuel de 4.000 ouguiyas. Avec ce salaire, les Mauritaniens ne veulent faire le même boulot».

Abou Wone, maçon de son état, souligne que «les prix de toutes les catégories de briques sont en forte hausse. Pour les briques simples, l’unité est passée de 13 à 25 ouguiyas. Quant à la brique hourdis, elle est passée de 30 à 45 ouguiyas».

Ces différents témoignages rappellent que les Maliens constituaient depuis quelques années la principale source de main d’œuvre du secteur de la construction de bâtiment à Nouakchott. Conséquence, leur départ dans le cadre des expulsions de migrants non réguliers a entrainé une pénurie d’ouvriers. Outre les arrêts de certains chantiers, la rareté de la main d’œuvre a fait grimper les rémunérations des ouvriers au niveau des chantiers.

Une situation que confirme Habib Sy, professionnel de la construction, évoluant dans le génie civil : «depuis le départ des Maliens, nous sommes confrontés à de nombreux problèmes. Nous subissons les conséquences de cette situation avec un arrêt des chantiers par manque d’ouvriers qui repousse les délais de construction».

Les autorités mauritaniennes mettent en avant la nécessité de lutter contre les réseaux de trafiquants et de préserver la sécurité nationale pour justifier ces expulsions.

Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)

 

 

 

Source : Le 360.ma (Maroc)

 

 

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