La COACUM organise des ateliers et lance le plaidoyer pour la reconnaissance des cultures urbaines en Mauritanie

Les acteurs des cultures urbaines réclament un Statut

Lauthentic.info – La Coalition des Acteurs des Cultures Urbaines de Mauritanie (COACUM) a organisé mardi 12 août 2025 au Parc de l’OMVS à Nouakchott, à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse, une journée consacrée aux cultures urbaines, entre ateliers de formation et débat sur la reconnaissance de ces cultures, ainsi que leur impact sur le développement national.

Le Thé-débat organisé à Nouakchott, mardi 12 août 2025 par la COACUM, à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse, a tourné essentiellement sur la reconnaissance des cultures urbaines et l’importance de la structuration du secteur des arts en Mauritanie. Il a regroupé d’éminents experts du milieu.

Les échanges se sont focalisés sur deux points, le cadre juridique régissant les activités culturelles et définissant le statut de l’artiste en Mauritanie d’une part, et d’autre part, la présentation du projet « Jeunesse, Culture et Sport » financé en grande partie par l’Agence Française de Développement (AFD) à hauteur de 18 millions d’euros avec la participation de l’Etat mauritanien pour 1,3 millions d’euros.

Auparavant, Mister X alias Cheikh Fall, président de la COACUM et modérateur de la rencontre, avait planté le décor en rappelant les thèmes centraux du débat, notamment la démarche initiée par son organisation pour la reconnaissance des cultures urbaines en Mauritanie, et l’importance de la structuration du secteur des arts dans le pays, partant d’une prise en compte institutionnel et politique des cultures urbaines en tant que vecteur de développement économique et social, à travers l’employabilité des jeunes et la cohésion sociale.

Controverse autour du cadre juridique de l’activité artistique et culturelle en Mauritanie

Abordant l’aspect lié au cadre juridique régissant les activités culturelles et artistiques en Mauritanie, Cheikhna Mbouh Tandia, juriste et cadre à la Banque Centrale de Mauritanie, a déclaré que, contrairement aux rumeurs qui circulent, le pays dispose bel et bien d’un arsenal juridique qui organise et régule toutes les activités culturelles et artistiques.

Il a cité dans ce cadre la Loi 2012-038 du 17 juillet 2012 relative à la propriété littéraire et artistique dont l’objectif est de définir les droits d’auteur et les droits voisins, ainsi que les œuvres littéraires ou artistiques protégées et fixer les sanctions des préjudices subis par la violation de ces droits.

Il a cité également le décret d’application de février 2024 de la loi de 2012 qui clarifie davantage les dispositions relatives au statut de l’artiste et définissant les métiers artistiques prises en charge par le cadre juridique, entre autres approfondissements.

Pour Ly Hameth, un acteur incontesté du milieu culturel, plus connu à travers le cinéma et sa structure HOLPAC, il n’y a pas encore un cadre juridique opérationnel régissant les droits d’auteur et les droits voisins, encore moins le statut de l’artiste. Il considère que la loi de 2012 et son décret d’application restent inopérationnels.

C’est ce que Kane Limam dit Monza, un expert du dossier, a confirmé. Selon lui, la Loi de 2012 est devenue en effet obsolète et n’est plus en application. Il a d’ailleurs fait comprendre que le cadre juridique régissant les activités culturelles en Mauritanie fait l’objet de beaucoup de controverse.

Selon lui, les instruments juridiques dont dispose la Mauritanie reposent sur la Convention de l’Unesco de 2005, ratifiés la même année et qui porte sur la promotion et la protection de la diversité culturelle avec des principes liés à la rémunération équitable des artistes. Cette convention recommande aux pays membres de l’UNESCO de mettre en place un système des droits d’auteur et des droits des voisins qui protège les œuvres littéraires et artistiques. En Mauritanie, cela s’est traduit par l’adoption de la Loi 2012-038 du 17 juillet 2012 relative à la propriété littéraire et artistique englobant les droits d’auteurs et droits des voisins.

Cette loi, selon Monza, n’est plus appliquée et qu’elle est en phase de révision et de réactualisation. Le fait est que dans son cadre d’application, cette loi avait permis la mise en place d’une cellule des droits d’auteur et droits voisins au sein du Ministère de la Culture qui ne correspond pas à la réalité. Il a souligné, qu’il est envisagé aujourd’hui la création d’une société des droits d’auteur et des droits voisins dont la gestion sera collective. Pour cela, il faudrait au préalable mettre en place une fédération des acteurs et un conseil d’administration dont le président sera désigné par le Ministère de la Culture et les membres choisis parmi les représentants de la société civile, autrement dit, des acteurs culturels.

Il a ajouté qu’en février 2012, des engagements ont été pris par les différents Etats avec l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à Genève avec des recommandations concernant la mise en place d’un « Statut des Professionnels des Arts et du Divertissement », ce qui est communément appelé le « Statut de l’Artiste et de l’entrepreneur culturel ».

Ainsi, en conclusion selon Monza, le cadre juridique relatif aux droits d’auteur et des droits voisins, ainsi que l’exercice d’activités culturelles et artistique en Mauritanie, est encore en gestation.

Projet Jeunesse, Culture et Sport

Abordant le volet relatif au « Projet Jeunesse, Culture et Sport », Ly Hamet, responsable technique culture au sein du projet, a tenu d’emblée à faire comprendre que ce projet est d’abord une manifestation d’intérêt des artistes et sportifs mauritaniens avant que l’AFD ne s’en empare pour le concrétiser. Il est le fruit d’une concertation entre les acteurs et le Comité National Olympique (CNO). Selon lui, le projet va donner naissance au Dispositif national pour la Promotion des Arts et de la Culture (DEPAC) dont la mission essentielle est de prendre en charge l’ensemble des préoccupations des acteurs culturels quel que soit leur statut.

Ce projet qui vient de démarrer en mai 2025 dans sa phase préparatoire ne sera opérationnelle, selon Ly Hameth qu’à partir de 2027 pour une durée de 5 ans. Le DEPAC sera mis en place et structuré en concertation avec les acteurs culturels et prendra en compte l’ensemble des secteurs, du culinaire au graffiti, selon lui.

A son tour, Ahmed Barro, Coordinateur technique du projet, a évoqué le processus de mise en place du projet, dont le diagnostic du secteur culturel et artistique qui sera confié à des bureaux d’études, probablement des bureaux internationaux qui procéderont à des propositions qui seront validées par l’ensemble des acteurs, notamment, la Coordination des acteurs culturels, le CNO, l’Institut Supérieur de la Jeunesse et des Sports, et l’Institut National des Arts, entre autres. Il a parlé également de l’Unité de gestion du projet qui sera logé au Ministère de l’Economie et des Finances. Il est prévu également au sein du projet, des appuis en termes de formation et de renforcement des capacités au profit du Ministère de la Culture.

Le projet prévoit aussi, selon Barro, la construction d’infrastructure sportives et culturelles (stade omnisport, maison des jeunes, etc.) dans les trois zones pilotes choisies, à savoir, Dar-Naïm, Arafat et Nouadhibou.

Par la suite, d’autres intervenants ont nourri le débat, à l’image du Maestro Sidina qui a suggéré une surveillance accrue des financements accordés par l’AFD pour une gestion transparente des fonds.

A la clôture des débats, le président de la COACUM, Mister X, a promis que d’autres rencontres du même genre seront au programme prochainement dont une Master Class en octobre prochain.

 

 

Cheikh Aïdara

 

 

 

Source : Lauthentic.info – (Le 14 août 2025)

 

 

 

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