Nouakchott – Coupures d’eau et d’électricité récurrentes : Un été chaud !

 Le CalameLes Nouakchottois vivent, depuis quelques jours, pour ne pas dire semaines, une crise d’eau très aigüe.

La grogne est énorme car trop de familles peinent à trouver le précieux liquide source de la vie. Un taximan nous disait hier être resté trois jours sans avoir pu se doucher malgré les conditions difficiles dans lesquelles il travaille. « Quand je rentre à la maison », maugrée-t-il, « je prends un chiffon pour me nettoyer quelques parties du corps et je change de chemise ». Un père de famille vivant du côté de Basra (Sebkha) qui organisait, le samedi 9 courant, le mariage de sa fille s’est vu contraint d’acheter des fûts d’eau à cinq, quatre et trois mille MRO.

« Il me faut attendre jusqu’à 1 h du matin avant de voir couler un mince filet d’eau du robinet », soupire une cheffe de famille, « et m’employer alors à en remplir le moindre récipient pour les plus essentiels besoins de la maison… Une véritable course contre la montre ! » Ceux qui ne disposent pas de robinet sont, pour leur part, obligés de s’entasser devant les rares bornes-fontaines, disputant la place aux revendeurs d’eau et à leurs charrettes tirées par des ânes. « Un véritable casse-tête ! », se plaignent ces nouakchottois.

Les bidons jaunes brandis par des députés et des jeunes très remontés ne sont un symbole de la soif que pour les nantis. Pour les autres, c’est-à-dire l’immense majorité des familles, ce sont des meubles indispensables au quotidien car il faut être en permanence prêt à réserver l’eau, les coupures peuvent vous tomber dessus à tout moment de la journée ou de la nuit. Quant aux coupures d’électricité, ne seraient-elles pas liées à une surcharge de consommation ?

De fait, notre administration et les domiciles privés des nantis consomment énormément de courant en été. Dans les bureaux de celle-là, les clims sont sous tension toute la journée et, insouciants, trop de fonctionnaires laissent les portes ouvertes ou débauchent sans les éteindre. Il n’est également pas rare de constater la présence, dans une même maison, de plusieurs climatiseurs en service quasiment jour et nuit. Pour combattre la chaleur et les moustiques, vous dit-on. Ces domiciles disposent aussi de grands bassins munis de surpresseurs approvisionnés par des citernes. Les cris ne sont certes pas venus des quartiers huppés de la capitale.  Et qui paie tout ça ? Le généreux État.

Pourquoi, plus de soixante ans après notre indépendance, les coupures sont-elles devenues récurrentes en été, dans notre capitale qui abrite plus de la moitié de la population du pays ? Mauvaise gouvernance ? Laxisme dans la gestion ? Équipements défectueux ? Incapacité des dirigeants à anticiper ? Il est incompréhensible que des travaux de réfection, réhabilitation et autres mises en service soient programmés en même temps un peu partout dans la ville. Quel désordre ! Le 1er Août dernier, on célébrait l’anniversaire de l’investiture du président Ghazouani à son second quinquennat et le principal parti de la majorité s’époumonait à déclamer le plus rose des bilans, comme un trophée de guerre. Il y a peu, on nous vantait également que la Mauritanie vendait sa surproduction d’électricité au Sénégal et au Mali. Les coupures de celle-ci sont venues nous rappeler à la réalité de nos propres manques en la matière… alors que notre territoire est pourvu d’énormes potentialités. Dans un pays dit normal, des têtes tomberaient après de tels manquements.

Constatant l’impossibilité d’accomplir sa mission, l’ancien directeur de l’hôpital de virologie, le professeur Moustapha Mohamedou, s’est résolu, lui, à jeter publiquement l’éponge, faisant ainsi preuve de conscience professionnelle et de citoyenneté. D’autres s’accrochent à leur poste. Pas pour servir mais pour « se » servir et servir leur proches et leurs protecteurs, cachant ainsi leur incompétence. Voilà la réalité qui mine notre pays ! Le programme d’urgence pour le développement et la modernisation de Nouakchott risque fort ne jamais produire les effets attendus, bloqués qu’ils sont par la mauvaise gestion et l’insouciance de l’Administration. Comme l’a dit quelqu’un, la Mauritanie n’est pas pauvre, elle est tout simplement mal gérée. Alors, quand donc eux qui sont aux commandes décideront-ils de mettre fin à ces égarements ?

DL

 

 

 

Source : Le Calame (Mauritanie)

 

 

 

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