Côté d’Ivoire, cycle infernal ? / Par Tijane BAL

On raconte qu’il y a plusieurs décennies, le président Houphouët-Boigny avait défié Kwamé Nkrumah. L’ivoirien aurait proposé de dresser un bilan de leurs 2 pays quelques années plus tard et de comparer leurs états respectifs. Son pronostic était entendu. À court et moyen terme, les faits donnèrent raison à Houphouët. Le sort personnel de Nkrumah, renversé par un putsch dès 1966, fut emblématique de la déconfiture ghanéenne.

Par contraste, la Côte d’Ivoire nageait dans le mirage d’un miracle économique complaisamment surfait et savourait une stabilité politique réelle mais qui avait son prix. Le temps long changea la donne et fit son œuvre. Houphouët avait délibérément érigé sa succession en tabou. Sa mort ouvrit la boîte aux dérives: réveil de l’identitarisme, ethnicisation du débat public dont le thème de l’ivoirité fut paroxystique, guerres politiques de succession dérivant en guerre tout court.

L’extrême personnalisation de la vie politique, son clanisme, doublés de la persistance de feux mal et donc jamais éteints rappellent un volcan au réveil imprévisible. Il semble que la lave s’active. La candidature, au demeurant litigieuse du président Ouattara, libérée de surcroît de toute réelle concurrence stressante surchauffe l’atmosphère.

En ce moment même, l’opposition, les oppositions pour être juste, montrent leurs muscles à l’occasion de manifestations gigantesqus. Le hic est que ce sont les mêmes gladiateurs.On prend les mêmes et on recommence. Les Horace et les Curiaces. Haines faussement remisées mais réellement recuites resurgissent, aiguisées par l’horizon proche du Graal de la présidentielle. Rien qui soit de bon augure. L’incertitude reprend du service et avec elle, son lot de drames potentiels mais à ce stade évitables. Pourvu que la sagesse s’en mêle. Prions!

Au fait, il y a quelques mois, le Ghana qui fait désormais office de havre de stabilité du continent, connaissait sa nième alternance. Naturellement. Mais Houphouët et Nkrumah ont rejoint un monde meilleur. Paix à leurs cendres.

 

 

Tijane BAL pour Kassataya.com

 

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