Israël agite la menace de l’occupation de Gaza

Alors que Benyamin Nétanyahou devait réunir, mardi, un conseil de sécurité, l’hypothèse d’une occupation plus large, voire totale de l’enclave était évoquée par la presse israélienne. Une telle décision serait un tournant aux conséquences multiples.

Le Monde  – La guerre de Gaza va-t-elle entrer dans une nouvelle étape aux conséquences majeures ? Vingt-deux mois après le début du conflit provoqué par l’attaque surprise du Hamas, le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien a fait savoir, par des fuites dans différents médias, dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 août, qu’il envisageait d’étendre ses opérations militaires dans la bande de Gaza, voire d’ordonner l’occupation totale de l’enclave, ce qui constituerait un nouveau point de bascule à la fois militaire, politique et géopolitique.

Un conseil sécuritaire devait se réunir mardi 5 août dans la soirée, autour du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, pour examiner les différentes options, soulevant une série d’interrogations autant côté palestinien qu’israélien.

Une ultime tentative de pression sur le Hamas ?

Les négociations entre Israël et le Hamas, sous les auspices de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis, oscillent depuis des mois. Le cessez-le-feu obtenu en janvier 2025 prévoyait plusieurs phases, dont la première avait conduit à la libération de 30 otages, en échange de l’arrêt des combats et de la libération de centaines de prisonniers palestiniens. Mais, le 18 mars, Israël a repris les bombardements et bloqué les livraisons d’aide humanitaire. Des extraits de réunions confidentielles, révélés mardi 5 août par la chaîne publique 13, montrent que les plus hauts responsables sécuritaires plaidaient alors pour le maintien du cessez-le-feu et la recherche d’un accord global afin de terminer la guerre avec le Hamas. Benyamin Nétanyahou et ses ministres avaient, alors, refusé, choisissant de briser le cessez-le-feu.

Aucune avancée significative n’a, depuis, été obtenue. L’enjeu de la démilitarisation du Hamas continue d’opposer les deux parties. « Le Hamas a démenti les informations relayées par les médias selon lesquelles il aurait exprimé sa volonté de désarmer, affirmant que la “résistance” et les armes constituaient un droit national et légal tant que “l’occupation” se poursuivait », relève mardi, dans sa synthèse hebdomadaire, le centre de recherche Meir Amit sur le renseignement et le terrorisme.

L’étendue du retrait des troupes israéliennes de l’enclave et les garanties apportées au Hamas sur le fait qu’Israël ne rompra pas à nouveau un éventuel cessez-le-feu sont aussi problématiques. Les blocages sont apparus plus significatifs ces dernières semaines malgré les initiatives de différents pays pour relancer les discussions. « Le Hamas ne veut pas d’accord », a répété Benyamin Nétanyahou, dimanche, après la diffusion de vidéos dégradantes de deux otages.

Face à la menace d’une extension des combats à Gaza, l’Autorité palestinienne a appelé, lundi, la communauté internationale à « intervenir de toute urgence pour empêcher sa mise en œuvre, qu’il s’agisse d’une forme de pression, de ballons d’essai pour jauger les réactions internationales ou qu’elle soit véritablement sérieuse ». Certains observateurs n’excluent pas, en effet, que ces fuites venant directement de l’entourage de Benyamin Nétanyahou servent d’abord à augmenter la pression sur l’organisation palestinienne.

« Si le Hamas et les habitants de Gaza sont convaincus qu’Israël est déterminé à suivre cette voie, les chances de parvenir à un accord avec le Hamas – dont les termes seraient alors beaucoup plus proches de ceux d’Israël – augmenteraient considérablement », relèvent ainsi les chercheurs Kobi Michael et Yossi Kuperwasser dans une note publiée lundi par l’Institut national des études sur la sécurité (INSS), un cercle de réflexion israélien proche des milieux de la défense.

Quelles conséquences d’une extension de la guerre ou d’une occupation pour la population de Gaza ?

Selon les bilans dressés par le ministère de la santé dirigé par le Hamas, la guerre à Gaza a fait plus de 60 000 morts, dont un grand nombre d’enfants, depuis le début de la riposte israélienne à l’attaque terroriste menée par l’organisation palestinienne le 7 octobre 2023. Ces chiffres ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante – Israël interdisant l’entrée des journalistes dans l’enclave ; ils sont toutefois jugés crédibles par les organisations internationales.

Le conflit a aussi blessé plus de 140 000 personnes, dont beaucoup gravement. Une extension de la guerre sur l’intégralité du territoire, en particulier dans les zones les plus peuplées, représenterait un risque supplémentaire pour des populations aujourd’hui concentrées sur moins de 13 % du territoire de la bande, selon les données collectées par le bureau humanitaire des Nations unies (OCHA), le reste de l’enclave étant déjà sous occupation militaire ou interdit d’accès sous peine de mort pour les Palestiniens.

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 (Jérusalem, correspondant)

 

 

Source :  Le Monde 

 

 

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