
On fait la paix avec ses ennemis. On danse le tango à deux. Et pour avoir le prix Nobel de la paix, il faut avoir fait la guerre à la guerre. C’est pourquoi la distinction révèle souvent des attelages improbables. En décembre 1973, Henry Kissinger est primé avec Le Duc-Tho, négociateur vietnamien des accords de Paris de la même année. Le vietnamien refusera le prix conjoint. Une publication qualifiera le Nobel de Kissinger d’«odieux prix Nobel ».
En 1978, c’est au tour du 1er ministre israélien Begin et du président Sadate d’être couronnés. Quinze ans plus tard, en 1993, Frederik de Klerk, contrit pur produit de l’Apartheid, est salué en même temps que Nelson Mandela.
Le cas Obama est original. A peine élu, le nouveau président est couronné en octobre 2009. Une sorte de Nobel préventif. Le comité Nobel justifie son geste par la volonté de saluer un « nouveau climat dans les relations internationales » et notamment la volonté du nouvel élu d’apaisement avec le monde musulman.
Le Nobel de la paix attribué en 2006 à Muhammad Yunus, actuel PM du Bangladesh, alors apôtre du micro-crédit et à la Grameen Bank questionne. D’aucuns se demandent pourquoi un homme salué pour avoir promu « le développement économique et social par la base » n’a-t-il pas été gratifié du Nobel d’économie. Les sciences économiques seraient-elles par trop conventionnelles ?
Pas ce genre de questions concernant l’autoproclamé nobélisable Trump. Depuis hier, il peut compter sur le parrainage de Benjamin Netanyahou, en visite à Washington. Il doit se trouver des cautions plus consensuelles. L’avenir dira s’il s’agit d’un tremplin ou d’un toboggan. Trump pourra toujours compter sur le soutien de son ami, l’imam Belal Alzuhairi qui, lors d’un meeting MAGA en octobre 2024 à Detroit, avait appelé à voter pour celui qu’il avait qualifié de « candidat de la paix ». Dans l’intervalle, Arab Americans for Trump s’est rebatisé Arab Americans for peace. On se demande bien pourquoi !
Tijane BAL pour Kassataya.com