À Gaza, “la douleur ne disparaîtra pas du simple fait que la guerre est terminée”

Alors que les négociations entre Israël et le Hamas sous l’égide des États-Unis se poursuivent, les habitants de l’enclave palestinienne espèrent pouvoir sortir de l’enfer qu’ils vivent depuis vingt et un mois. Mais l’ampleur de la tragédie est telle que le soulagement laissera vite place à la désolation.

Courrier international  – Il y a une semaine, lorsque le projet de cessez-le-feu dans la bande de Gaza a commencé à prendre de l’épaisseur, les habitants de l’enclave palestinienne ont accueilli la nouvelle avec un “mélange d’espoir prudent et de profond scepticisme”, douchés par l’“expérience amère” d’avoir, à plusieurs reprises, espéré une fin des combats avant la désillusion, écrivait alors le média panarabe Al-Jazeera.

Harassés par vingt et un mois de guerre, les Gazaouis aspirent “désespérément” à une “pause des hostilités” qui pourrait ouvrir à une “désescalade totale”. Mais aussi à une “amélioration de leurs conditions humanitaires déplorables”.

Dans les camps de déplacés, les centres d’hébergement, les écoles et les maisons bombardées, la “réalité” des habitants de Gaza est “difficile et tragique”, explique l’un d’eux au quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid.

Ils “ne comptent plus les jours et les nuits difficiles, mais les longues heures qui passent sans sommeil”. “Nous sommes si fatigués des déplacements répétés, des bruits de bombardements et de destruction, des scènes de peur, de cris et de sang partout. Nous avons le droit de nous reposer un peu”, s’écrie ce même habitant. Cette guerre a tout détruit : les maisons, les familles mais aussi les “espoirs et les rêves”.

“Il faut y mettre un terme à tout prix pour que les gens puissent reprendre leur souffle.”

Plus de 100 000 morts ?

Près de 58 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de cette guerre, lancée en représailles aux attaques sans précédent menées par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Un bilan fourni par le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien, qui “pourrait même être très en deçà de la réalité”, selon le quotidien israélien Ha’Aretz, hostile au gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

“Il est raisonnable d’imaginer que la barre des 100 000 morts, violentes et non violentes, a été atteinte”, explique au journal francophone libanais L’Orient-Le Jour Michael Spagat, économiste au Holloway College de l’université de Londres, qui a dirigé une étude sur le sujet publiée la semaine dernière.

La guerre à Gaza aura été “la plus longue”, “la plus barbare” et “la plus féroce” jamais menée contre les Palestiniens, “assiégés, affamés et privés de tout moyen de survie sur leur territoire”, ne leur laissant comme choix que “la mort, la soumission ou l’exil”, écrit l’analyste politique Abdul Majeed Sweilem dans le quotidien palestinien Al-Ayyam.

Des “flots de larmes”

Alors, certes, lorsque la guerre cessera, “les gens exulteront de joie”, peut-on lire dans un billet publié dans les colonnes du journal palestinien Al-Quds. Mais “la douleur […] ne disparaîtra pas du simple fait que la guerre est terminée”.

“Ce seront des flots de larmes et non plus de balles qui se déverseront à Gaza”. Les larmes des survivants qui chemineront “à travers les ruines”, “trébuchant sur des objets déchiquetés qui recouvrent le sol”, fouilleront les décombres et “erreront d’hôpital en hôpital” à la recherche de leurs proches dont ils n’ont plus de nouvelles. Les larmes de ceux dont il ne reste de la maison détruite qu’un “mur à moitié effondré”. Lorsque cette guerre cessera, ça ne sera ni une victoire, ni une défaite, mais le moment où sera fait l’“amer constat que ce territoire a payé un prix exorbitant”.

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Source : Courrier international (France)

 

 

 

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