
– Au Sahel, miné par les violences djihadistes, il y a des routes qu’on évite et d’autres qu’on traverse la peur au ventre, comme la nationale 15, au centre du Mali. Elle quitte Sévaré, serpente à travers Bandiagara, Koro et Bankass, dans le pays dogon, pour enfin rejoindre la nationale 2, de l’autre côté de la frontière au Burkina Faso.
Surnommée la « route du poisson », pour son rôle dans l’acheminement du poisson au Burkina Faso, elle a vu des véhicules civils et militaires frappés par des mines artisanales, des embuscades contre l’armée et des civils enlevés.
En mars, Moussa (prénom modifié pour des raisons de sécurité), qui ramenait le corps de sa mère morte au village à bord de son véhicule, a été témoin d’une scène effrayante sur ce tronçon de tous les dangers : des djihadistes en train d’enlever des passagers d’un bus. « Ils nous ont arrêtés mais, au vu du corps de ma mère, ils nous ont dit de continuer », affirme-t-il, précisant avoir vu les assaillants sur des motos avec des armes de guerre, les têtes enturbannées.
Au Sahel, les populations jouent leur vie à chaque fois qu’elles empruntent certaines routes de la région, « épicentre du terrorisme » mondial selon le dernier index mondial du terrorisme, minée par les violences de groupes djihadistes liés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.
« Axe de la mort »
« Environ 70 % des événements violents et 65 % des décès » en Afrique de l’Ouest et du Nord « se produisent à moins d’un kilomètre d’une route », rapporte une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). « Les conséquences sont les plus graves dans le Sahel central [Mali, Niger et Burkina], le bassin du lac Tchad et l’ouest du Cameroun », selon la même source.
Pour l’un des coauteurs de l’étude, Olivier Walther, professeur associé à l’université de Floride (Etats-Unis), « la dangerosité des routes est directement liée à l’expansion des insurrections djihadistes ». « Les axes de transport sont devenus une cible privilégiée des attaques contre les forces gouvernementales, notamment les convois militaires, et un moyen de pression sur les communautés rurales », notamment par les blocus contre les villes, explique-t-il à l’Agence france-Presse (AFP).
Source :
avec
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com