
Financial Afrik – Né à Aioun, dans l’est de la Mauritanie, Ibrahima Ba fait ses premiers pas dans le système éducatif national, entre Bassiknou, Atar, Aioun et Nouakchott. Après son baccalauréat, il part faire des études de médecine à Dakar, mais se réoriente vers les mathématiques et la physique. Les événements de 1989 l’obligent à quitter le pays pour poursuivre ses études en France, où il intègre l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne. Son stage de fin d’études l’amène au Argonne National Laboratory, aux États-Unis, où il travaille sur la supraconductivité. Il y est ensuite recruté comme ingénieur.
Souhaitant élargir ses perspectives dans le secteur privé, il complète sa formation par un MBA à la Kellogg School of Management (Northwestern University). Il entame alors une carrière dans le conseil stratégique, d’abord chez Oliver Wyman, puis au sein de Lumen, un acteur majeur des infrastructures de télécommunications. Il y pilote des projets innovants aux États-Unis et en Europe. En quête de sens, il rejoint ensuite HIP Consult, cabinet basé à Washington et spécialisé dans les marchés émergents, où il contribue à des projets de connectivité à grande échelle en Afrique, notamment au Nigeria, en Afrique du Sud et en préparation de la Coupe du monde 2010.
En 2016, il rejoint Facebook (devenu Meta) à Menlo Park, en Californie, pour piloter les investissements du groupe dans les infrastructures de connectivité en Afrique. Son périmètre s’élargit rapidement à l’Asie et à l’Amérique latine. Il devient alors l’un des rares Africains à occuper une position stratégique dans le déploiement mondial de la connectivité numérique.
Un regard lucide sur l’avenir numérique de l’Afrique
Parmi les projets emblématiques qu’il a pilotés figure 2Africa, le plus long câble sous-marin jamais construit, reliant 33 pays dont 19 africains. Il évoque aussi un partenariat à Bali (Indonésie) visant à couvrir l’île en fibre optique, et un projet en Ouganda permettant l’accès à la 4G pour deux millions de personnes dans une zone rurale, incluant des camps de réfugiés.
Observateur engagé, il déplore que les opérateurs traditionnels, peu habitués à la prise de risque, aient manqué le virage de l’innovation, souvent freinés aussi par des régulations excessives. À ses yeux, l’Afrique est un continent « mobile-first », mais les infrastructures ne suivent pas la demande croissante en services numériques, ce qui pourrait à terme menacer la souveraineté technologique du continent. Il insiste sur la nécessité de créer un environnement propice au développement local d’applications, à l’hébergement de serveurs internationaux, et à l’amélioration de la connectivité comme conditions indispensables pour faire de Nouakchott un véritable hub régional.
Sensible aux enjeux de sécurité des données, il rappelle que toute connectivité implique une part de risque, mais souligne les efforts constants des grandes plateformes pour protéger les infrastructures physiques et les flux d’information. Il s’interroge également sur les effets écologiques de l’intelligence artificielle, estimant que son impact net reste à mesurer, notamment à travers la consommation énergétique croissante des centres de données.
Aux jeunes Africains, il adresse un message d’encouragement : nul besoin d’un parcours académique linéaire pour réussir dans le numérique. Ce qui compte, selon lui, c’est la passion, l’apprentissage continu, et une vision claire des enjeux technologiques à l’échelle locale et mondiale.
Source : Financial Afrik
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com