Depuis 2019, les examens et concours de la fonction publique virent à des pratiques qui remettent en cause le système de recrutement en Mauritanie. La dernière annulation des résultats remonte cette semaine sur le permis de conduire. Cette dernière irrégularité est d’une extrême gravité au regard de l’hécatombe sur les routes.
Les observateurs rappellent notamment le cas du recrutement de 100 professeurs de l’enseignement supérieur qui a duré exceptionnellement longtemps-plus de 16 mois et a été entaché de violations, manipulations et recours judiciaires. Ajoutez à cela l’annulation cette semaine du ministère de l’équipement et des transports des examens du permis de conduire.
Ces dysfonctionnements ont provoqué des sit-in de protestation, des recours devant la Cour suprême, et une perte de confiance dans les institutions chargées des concours. Le climat politique tendu, notamment à Nouakchott, reflète une frustration croissante face à un système perçu comme injuste et opaque. C’est du jamais vu depuis l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani. Les Mauritaniens ont l’impression de vivre dans un pays sans lois.
Lorsque les concours sont entachés de favoritisme ou de manipulations, les étudiants et leurs familles perdent foi dans la méritocratie. Cela alimente un sentiment d’injustice et de frustration, surtout chez les jeunes diplômés. Certaines zones, notamment dans le sud du pays, affichent des taux de réussite extrêmement faibles (parfois inférieurs à 1 %), révélant un déséquilibre criant dans l’accès à une éducation de qualité. Ces irrégularités ne sont pas de simples incidents administratifs : elles sapent les fondements mêmes de l’éducation comme vecteur d’égalité, de progrès et de cohésion nationale.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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