
Courrier international – C’est un “mercredi noir” que vient de vivre le Kenya, selon le Daily Nation. En une, jeudi 26 juin, le quotidien le plus lu du pays fait les comptes au lendemain d’une journée de manifestations qui ont tourné à la violence : trois stations de télévision coupées, neuf morts et 400 blessés, des pillages et des destructions, et des rassemblements dans 27 comtés.
Ils étaient des milliers à descendre dans les rues de la capitale Nairobi ainsi que dans de nombreuses autres villes du pays. Commencés calmement, ces rassemblements ont rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Au moins 61 personnes ont été arrêtées.
“La douleur, les morts et le chagrin ont de nouveau étreint le pays”, constate, navré, le Daily Nation. Plus de 60 personnes avaient perdu la vie, l’année dernière, lors des manifestations contre la loi de finance, un souvenir qui “continue de projeter son ombre sur une nation en quête de justice”. Est venu s’ajouter à cette colère le décès d’Albert Ojwang, instituteur de 31 ans placé en détention au début du mois pour ses critiques de la police sur les réseaux sociaux.
Pas de justification pour la répression
Dans un éditorial, le Daily Nation appelle donc le chef de l’État kényan à “stopper la descente vers l’anarchie”. Une inquiétude relayée par le choix de sa photo de une, sur laquelle un jeune homme saute au-dessus d’un feu allumé en pleine rue dans la ville de Nakuru, au nord de Nairobi. Derrière lui, s’élève une colonne de fumée grise.
Si le quotidien condamne la destruction de magasins, il regrette également “l’usage excessif de la force contre des citoyens qui exercent leur droit constitutionnel”. Des droits également violés sur le plan de la liberté de la presse, puisque l’Autorité des communications kényane a ordonné aux médias, en cours de journée, de stopper leur couverture en direct des événements. Le Nation Media Group en a, d’ailleurs, lui-même fait les frais, avec l’interruption du signal de sa télévision NTV dans la ville de Limuru.
“Le président William Ruto a raison lorsqu’il affirme que la vaste majorité des Kenyans ne possède que ce pays, et qu’ils doivent jalousement le protéger, conclut le Daily Nation. Cependant, cela ne peut servir de justification pour la répression, la brutalité et l’exploitation.”
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