Le régime iranien ébranlé par la violence de l’attaque israélienne

Les frappes de l’Etat hébreu, qui ont fait près de 80 morts, ont décimé la chaîne de commandement militaire iranienne. Téhéran se considère désormais « en guerre ».

Le Monde – Après la sidération, la riposte. L’Iran a finalement répondu à la grande opération militaire israélienne dirigée contre son sol, déclenchée vendredi 13 juin. La République islamique a lancé en six salves plus de 150 missiles balistiques en direction de l’Etat hébreu dans la nuit du 13 au 14 juin. Trois personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, selon un premier bilan provisoire avancé par les médias israéliens. Téhéran se considère désormais officiellement « en guerre » contre « le régime sioniste », soit Israël dans le jargon iranien.

Les gardiens de la révolution, l’armée idéologique du pays, ont revendiqué dans un communiqué avoir ciblé « des dizaines d’installations, de bases militaires et de bases aériennes en Israël » lors de l’opération qu’ils ont baptisée « Promesse véridique 3 ». Peu avant le tir de la première salve, le Guide suprême, Ali Khamenei, a promis, dans un message vidéo transmis à la télévision iranienne, que les forces armées allaient « rendre le sionisme [Israël] misérable ». Il a affirmé que « le crime [les bombardements de l’Etat hébreu en Iran] ne resterait pas impuni », appelant le peuple iranien à lui faire confiance.

Vendredi 13 juin, Israël a mené des bombardements d’une ampleur sans précédent contre des sites militaires et nucléaires en Iran. Selon les médias iraniens, ces attaques ont tué au moins 78 personnes, dont le chef d’état-major des forces armées, Mohammad Bagheri, le commandant en chef des gardiens de la révolution, Hossein Salami, et le responsable de la force aérospatiale chargé de l’arsenal balistique iranien, Amir Ali Hajizadeh. Quelque 320 Iraniens auraient été blessés par ces frappes.

La première série de tirs, dans la nuit du 12 au 13 juin, a décapité en quelques heures la chaîne de commandement de l’appareil militaire iranien. Un coup sans précédent infligé à la République islamique, qui n’avait pas essuyé une attaque d’une telle ampleur depuis la guerre Iran-Irak dans les années 1980. Une vingtaine des plus hauts officiers de l’armée et des gardiens de la révolution ont péri lors de ces frappes, ce qui en dit long sur le niveau pénétration des rouages du pouvoir iranien par le renseignement israélien. Dès les premières heures de son offensive, l’Etat hébreu a cherché à paralyser l’institution militaire iranienne.

Appareil militaire disparate

Tout au long de la journée du 13 juin, les agences de presse locales ont fait état d’« explosions » à travers les régions du pays : dans le Centre-Ouest, à Kermanshah ; à Hamadan – où une base aérienne a été ciblée à deux reprises dans l’après-midi – ; à Chiraz, où des installations nucléaires ont été visées. Ont également été touchés le site nucléaire de Natanz – le cœur du programme atomique de Téhéran –, qui a été frappé à plusieurs reprises, et la ville de Tabriz, dans le Nord-Ouest, qui a été secouée par les explosions violentes d’entrepôts de stockage d’armes. Dans la matinée du samedi 14 juin, des images montraient une épaisse colonne de fumée s’élevant près de l’aéroport Mehrabad de Téhéran. Ailleurs dans la capitale, le fracas des explosions et des tirs de la défense antiaérienne continuait de résonner dans différents quartiers.

L’aviation israélienne semble jouir d’une liberté de mouvement complète dans le ciel iranien après avoir neutralisé de nombreux radars et sites de missiles sol-air. Ceux-ci ont été visés de manière méthodique vendredi, comme à Piranshahr, dans la province de l’Azerbaïdjan-Occidental, une ville frontalière de l’Irak, pays que les appareils de l’Etat hébreu survolent impunément après avoir emprunté l’espace aérien syrien. Après la chute du régime de Bachar Al-Assad, en décembre 2024, Israël avait détruit les systèmes de radars et d’alerte de l’ancienne armée syrienne, susceptible de détecter des avions en route vers le territoire iranien.

La relative facilité d’action de l’aviation israélienne jette une lumière crue sur les faiblesses d’un Etat à l’appareil militaire très disparate, dont la seule véritable force est son arsenal balistique, patiemment développé depuis les années 1980. Les forces armées iraniennes ne disposent pas, par exemple, d’une aviation de chasse moderne et sont surtout dotées de vieux aéronefs de l’époque soviétique et de quelques appareils américains, mis en service avant la révolution islamique de 1979. L’Iran manque aussi cruellement, depuis longtemps, de systèmes de défense antiaérienne et antimissile. Malgré des demandes répétées à Moscou, Téhéran n’a pas obtenu, pour l’heure, de transfert du système russe de défense antiaérienne S-400, considéré comme l’un des plus performants au monde. Et le transfert de chasseurs modernes Sukhoï Su-35, annoncé régulièrement, ne s’est toujours pas matérialisé.

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Source : Le Monde

 

 

 

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