La Coupe du monde des clubs, symbole de la course aux profits du football

La nouvelle formule de la compétition, qui voit s’affronter 32 équipes aux Etats-Unis à partir du 14 juin, va rapporter gros aux clubs mais interroge quant à son intérêt sportif, au terme d’une saison déjà longue.

Le Monde – Comme souvent dans le football, les chiffres donnent le tournis. La dotation globale de la nouvelle mouture de la Coupe du monde des clubs – qui se déroule du 14 juin au 13 juillet aux Etats-Unis – va s’élever à près de 1 milliard de dollars (861 millions d’euros). Une somme record, « la plus grosse dotation jamais attribuée à une compétition comprenant une phase de groupes et une phase à élimination directe », s’est félicité, fin mars, Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football (FIFA). A titre de comparaison, la somme remise aux participants de la dernière Coupe du monde – la « vraie », celle des nations, compétition phare de la FIFA – était plus de deux fois moins élevée, avec 440 millions de dollars.

La FIFA a détaillé dès le mois de mars la répartition des sommes pour les 32 équipes participantes. Au total, 475 millions de dollars seront distribués en fonction de la performance sportive et 525 millions de dollars au titre de la participation. En cumulant les primes de résultat tout au long de l’épreuve, la formation qui remportera la compétition pourra empocher jusqu’à 115 millions d’euros – pour sept matchs disputés. Soit l’équivalent de 15 % du budget d’un club comme le Paris Saint-Germain (PSG), mais 21 fois la valeur totale du club néo-zélandais d’Auckland City, petit Poucet du Mondial des clubs.

Accusée notamment d’alourdir un calendrier déjà surchargé, la nouvelle mouture de ce tournoi n’est pas épargnée par les critiques. Le pactole promis par l’instance mondiale en fait l’incarnation d’un « foot business », où les intérêts financiers priment sur la logique sportive. « A travers cette Coupe du monde des clubs élargie à 32 équipes [contre sept auparavant], la FIFA poursuit un double objectif : disposer de sa propre compétition de clubs pour concurrencer la Ligue des champions de l’UEFA [Union des associations européennes de football], tout en maximisant ses revenus pour gagner toujours plus d’argent », résume Kévin Veyssière, expert en géopolitique du sport, auteur de plusieurs livres, dont Football Club Geopolitics (Max Milo, 2021).

Cette nouvelle formule s’inscrit dans une stratégie globale de la FIFA, sous l’égide de Gianni Infantino, qui vise à multiplier les compétitions et le nombre des matchs afin de générer toujours plus de revenus, grâce à une hausse des recettes de billetterie et des droits télévisés. Ainsi, la Coupe du monde des nations masculine passera de 32 à 48 équipes lors de l’édition 2026 (aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique) et verra son nombre de rencontres bondir, de 64 à 104 matchs – et le Mondial féminin suivra la même voie en 2031.

DAZN a déboursé 1 milliard d’euros

Si elle n’est pas assurée de faire stades combles pour cette Coupe du monde des clubs, nouvelle compétition dans un territoire historiquement guère épris du ballon rond, côté recettes, la FIFA peut déjà compter sur la somme de près de 1 milliard d’euros déboursée par la plateforme britannique DAZN pour être le diffuseur exclusif de l’épreuve, au niveau mondial, et sur les revenus tirés des contrats de sponsoring signés, comme à chaque compétition, avec des géants comme Coca-Cola, Bank of America, le groupe chinois de téléviseurs et d’électronique Hisense ou le brasseur belge AB InBev.

Plusieurs joueurs ont protesté contre cette compétition, qui vient rogner leur temps de repos, mais, à l’inverse, les présidents des plus grosses formations ont immédiatement été alléchés par ses retombées financières. La puissante Association européenne des clubs, dirigée par le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, soutient ainsi le tournoi. « Nous voulons être plus présents sur différents marchés, y compris aux Etats-Unis. La Coupe du monde des clubs est une excellente opportunité pour cela », a exposé le dirigeant qatari, début mars, aux médias allemands Bild et Die Welt, expliquant que les clubs devaient « générer davantage d’argent ». Dans cette veine, le tout récent champion d’Europe a annoncé l’ouverture d’une boutique éphémère « PSG House » sur l’emblématique Melrose Avenue de Los Angeles, cité californienne où les hommes de Luis Enrique disputeront leurs deux premiers matchs.

Reste que l’intérêt sportif de la compétition interroge. « Certains clubs vont être “à fond” en considérant que c’est une opportunité sportive et pécuniaire, d’autres ne vont considérer que l’aspect pécuniaire, observe Jean-Pascal Gayant, économiste du sport et directeur de l’IUT de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). La crainte existe que les clubs n’envoient pas leurs équipes types, et fassent jouer les seconds couteaux, tout en touchant la dotation. »

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Source : Le Monde

 

 

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