
Maroc a appelé à renoncer au sacrifice des moutons en raison d’une sécheresse persistante ayant provoqué une baisse du cheptel. Au marché hebdomadaire de Khémisset, près de Rabat, les étals débordent de fruits et de légumes, les enclos abritent vaches et chevaux… mais aucun mouton à l’horizon. Une scène inhabituelle à quelques jours de l’Aïd, que les Marocains célébreront samedi 7 juin.
– Cette année, Fatima Kharraz peine à retrouver la ferveur de l’Aïd. Pour la première fois en près de trente ans, le roi duL’Aïd-el-Adha (fête du sacrifice), très populaire dans tous les pays musulmans, suit d’environ deux mois l’Aïd-el-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne sacré de ramadan. Même si le sacrifice n’est pas une obligation religieuse stricte, il reste très suivi au Maroc. Le 26 février, le roi Mohammed VI, qui a le statut de « commandeur des croyants » musulmans dans son pays, a appelé la population à renoncer au sacrifice, évoquant des « défis climatiques et économiques » ayant entraîné une « régression substantielle » du cheptel. Son père, Hassan II, avait pris une décision similaire en 1996.
« Nous ne ressentons pas l’enthousiasme habituel. C’est comme si la fête n’existait pas », confie à l’Agence France-Presse (AFP) Fatima Kharraz, 52 ans, à Khémisset. « Les prix du mouton étaient déjà élevés l’an passé » et « ça nous aurait coûté encore plus cher » cette année, admet-elle : « On n’aurait pas pu se le permettre. » En mars, le ministre de l’agriculture, Ahmed Bouari, rappelait qu’en moyenne, entre 5 et 6 millions de moutons sont sacrifiés chaque année dans ce pays de 37 millions d’habitants.
Le Maroc fait face à sa septième année consécutive de sécheresse et, selon le ministère de l’agriculture, le déficit pluviométrique accumulé a entraîné une baisse de 38 % du cheptel par rapport au dernier recensement, réalisé en 2016. La diminution du nombre de têtes de bétail a provoqué une flambée des prix de la viande rouge, le gouvernement subventionnant les importateurs mais pas directement ce produit. Les pâturages ont diminué d’année en année, alors qu’ils font vivre « environ 70 % des éleveurs », selon Abderrahman Majdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs de moutons et de chèvres.
Fausses informations
Appuyé sur la barrière d’un enclos vide, Marouane Haizoun, 24 ans, propose deux vaches à la vente. Il a laissé ses moutons à la ferme familiale. « Si le sacrifice de l’Aïd avait eu lieu cette année, le prix des animaux aurait été exorbitant », dit-il. Il aurait pu atteindre « 6 000 ou 7 000 dirhams », soit 600 à 700 euros, précise Mustapha Mastour, 52 ans, éleveur de chevaux et de moutons. Une somme lourde pour les foyers modestes et moyens, alors que le salaire minimum ne dépasse pas 300 euros par mois.
« Certaines familles sont obligées d’emprunter » pour acheter un mouton, affirme Mona Hajjami, 28 ans, avant d’accompagner sa famille acheter des légumes. A défaut, beaucoup se sont tournés vers l’achat de plus petites quantités de viande et de foie de mouton, ingrédients phares des plats traditionnels de l’Aïd. « Nous avons constaté une hausse de la demande de viande, mais cela n’aura pas d’impact sur l’opération » visant à reconstituer le cheptel, assure Mohamed Jebli, président de la Fédération marocaine des acteurs de la filière élevage.
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