
à remporter sa première Ligue des champions en surclassant l’Inter Milan (5-0), samedi 31 mai, à Munich. Un titre en forme de consécration pour le club de la capitale, qui réalise son rêve d’inscrire son nom au palmarès de la compétition européenne la plus prestigieuse.
– Un bonheur intense à la hauteur de l’attente, beaucoup d’émotions et même des larmes à l’issue d’une soirée de rêve… Après avoir vécu tant d’échecs sur la scène continentale ces dernières années, le Paris Saint-Germain (PSG) est enfin parvenuIl devient ainsi le deuxième club français vainqueur de la « coupe aux grandes oreilles ». Voilà trente-deux ans, une éternité, que le football tricolore attendait de remporter à nouveau ce trophée, après la finale gagnée par l’Olympique de Marseille en 1993 (1-0), déjà contre une équipe milanaise (AC Milan) et déjà à Munich.
Au coup de sifflet final, les joueurs dansent et exultent au centre de la pelouse, en communiant avec leurs supporteurs. Tous laissent exploser leur joie. « C’est exceptionnel ! », lâche Ousmane Dembélé. « Un rêve d’enfant », abonde Bradley Barcola. « C’est dingue, je suis trop heureux », s’emballe Désiré Doué.
Une rencontre maîtrisée
Au-delà des mots, l’Allianz Arena est surtout le théâtre de scènes marquantes. Marquinhos et Presnel Kimpembe, qui ont tout connu avec le PSG ces dernières années, en particulier les désillusions passées en Ligue des champions, se tombent dans les bras, en pleurs. « C’est le plus beau jour de ma vie, lance le Brésilien, qui est au club depuis douze ans. Je n’ai plus de force, j’ai tout donné. Je le voulais tellement. On a souffert, c’était dur, c’était difficile. Ça montre la valeur du club, la passion des supporteurs. »
Le président Nasser Al-Khelaïfi et l’entraîneur Luis Enrique – considéré comme le grand architecte de ce sacre – sont portés en triomphe par les joueurs et l’ensemble du staff, sur le podium, alors que retentit l’air We are the champions de Queen. Une grande émotion submerge alors le stade quand les ultras du PSG déploient un tifo en hommage à Xana, la fille de Luis Enrique, décédée en 2019, à l’âge de 9 ans, d’un cancer des os fulgurant.
L’apogée d’une rencontre maîtrisée de bout en bout par les Parisiens, qui auront infligé une véritable correction à des Milanais pourtant expérimentés. Face à un club titré à trois reprises dans cette compétition (1964, 1965 et 2010) et encore finaliste en 2023, la jeune équipe parisienne ne s’est pas laissée impressionner par l’enjeu. Dans un match à sens unique, elle a dominé pendant 90 minutes en mettant les ingrédients qui lui ont permis de terrasser tous ses adversaires depuis le début de l’année : une maîtrise absolue du ballon, un pressing à haute intensité et une grande efficacité devant le but. « On a joué avec le calme nécessaire pour s’extraire de toute l’excitation qui existait autour », a analysé Luis Enrique, en conférence de presse.
Surtout, l’équipe a de nouveau fait primer son sens du collectif, à l’image du premier but où Désiré Doué, en position de frappe, a préféré servir Achraf Hakimi, seul devant le but pour ouvrir la marque (1-0, 12ᵉ). A seulement 19 ans, l’ex-Rennais a livré une prestation de très haut niveau, en inscrivant les deuxième et troisième buts (20ᵉ et 63ᵉ) de sa formation et en délivrant une passe décisive. .
S’il n’a pas marqué, Ousmane Dembélé a fait un nouveau pas vers le Ballon d’or (qui récompense le meilleur joueur de l’année) en réalisant deux passes décisives, dont une pour Khvicha Kvaratskhelia (4-0, 73ᵉ). Avant que Senny Mayulu, 19 ans, symbole du pouvoir donné à la jeunesse par le club, parachève le récital de son équipe (5-0, 87ᵉ). Avec cinq buts d’avance, le PSG l’a emporté avec le plus grand écart de l’histoire des finales de Ligue des champions depuis soixante-dix ans.
Un rêve devenu une obsession
Cette performance monumentale vient couronner le long parcours des Parisiens, qui ont disputé dix-sept matchs cette saison en Ligue des champions, en comptant la finale – la deuxième de son histoire après celle de 2020, perdue 1-0 contre le Bayern Munich sans supporteurs, en temps de pandémie de Covid-19. Malgré un départ poussif en phase de ligue, le PSG a ensuite impressionné l’Europe au fil de ses performances, en éliminant trois clubs anglais (Liverpool, Aston Villa et Arsenal). Avant d’enfin toucher le graal en finale.
Un aboutissement pour le Qatar, qui court après ce trophée depuis son rachat du PSG en 2011, via sa société Qatar Sports Investments (QSI). Il y a quatorze ans, l’Etat du Golfe avait pris le contrôle du club de la capitale, qui perdait alors chaque année de l’argent, sans beaucoup gagner sur les terrains, avec l’objectif de le mettre au « premier niveau en France et à l’étranger ». Dès le départ, son président, Nasser Al-Khelaïfi, avait fixé à ses troupes l’objectif de remporter la Ligue des champions dans un délai de cinq ans. Un rêve devenu une obsession. Mais malgré des investissements colossaux, des stars empilées à coups de centaines de millions d’euros et une domination sans partage sur la scène nationale, ce trophée était longtemps resté inaccessible.
La faute à un projet qui a longtemps privilégié le recrutement de grands noms pour accélérer sa notoriété (Zlatan Ibrahimovic, David Beckham, Neymar, Lionel Messi…), plutôt que de construire un projet sportif cohérent. Une longue et coûteuse quête : au total, le Qatar a dépensé environ 1,5 milliard d’euros en transferts depuis le rachat du club.
La diplomatie par le sport
Longtemps, le PSG a accumulé les échecs, en encaissant plusieurs désillusions retentissantes, comme celles contre Manchester United en 2019 ou Dortmund en 2024, ou en subissant des « remontadas », comme celle humiliante contre Barcelone en 2017 ou face au Real Madrid, cinq ans plus tard. Au point que les ambitions de ce nouveau riche étaient devenues un sujet de moquerie chez ses concurrents. Et une immense source de frustration pour ses supporteurs.
Nasser Al-Khelaïfi avait alors changé son discours, il y a trois ans. « On ne veut plus du flashy, du bling-bling, c’est la fin des paillettes », avait-il lancé en juin 2022, pour expliquer le nouveau virage pris par le club avec une équipe jeune et sans stars. Un projet privilégiant le sens du collectif et de l’effort, qui a pris forme sous l’autorité de l’entraîneur Luis Enrique, depuis son arrivée à Paris, à l’été 2023, et qui s’est concrétisé à la suite du départ de Kylian Mbappé, à l’été 2024, qui a permis à l’Asturien d’avoir les mains libres pour modeler son groupe à son goût.
Le scénario est d’ailleurs cruel pour Kylian Mbappé, parti l’été 2024 au Real Madrid, convaincu d’y avoir de meilleures chances de remporter la Ligue des champions. Beau joueur, il s’est fendu d’un message de félicitations sur Instagram, écrivant que « le grand jour est arrivé ».
Le paradoxe, c’est que le PSG parvient à « marquer l’histoire » au moment où son président avait mis le moins de pression sur son groupe. « L’objectif n’est pas de gagner la Ligue des champions cette année. On n’est pas pressés », avait-il déclaré en novembre 2024. Sept mois plus tard, le trophée permet au PSG de s’inscrire enfin dans la cour des très grands d’Europe et par ricochet, il offre au Qatar une validation de son projet de diplomatie par le sport, consistant à faire du club de la capitale un instrument dans sa stratégie de « soft power ».
Samedi soir, Nasser Al-Khelaïfi s’est montré un brin revanchard, au moment de célébrer ce titre tant attendu. « Tout le monde doutait de nous, les gens nous critiquaient et n’avaient pas confiance dans notre projet. Mais on l’a fait, on est champion ! », a-t-il lancé. Avant de donner rendez-vous aux supporteurs du PSG, qui célébreront leurs protégés dimanche, notamment lors d’un défilé prévu en fin d’après-midi sur les Champs-Elysées. Une fête bien méritée après quatorze ans d’attente.
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