
La semaine dernière, Hawa Traoré, 22 ans, a été retrouvée sans vie, abandonnée sous un drap dans une maison à Nouakchott.
C’est insupportable. Inacceptable. Une autre femme arrachée à la vie dans l’indifférence. Une de trop.
Et pourtant, ce n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs années, la Mauritanie est le théâtre silencieux d’une tragédie : les violences sexuelles et les meurtres de femmes se multiplient, tandis que l’État reste sourd. La peur s’installe. L’impunité prospère.
En 2024, 366 cas de viols ont été enregistrés par l’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME). Parmi eux, 225 concernent des filles mineures. Dix-huit de ces viols étaient collectifs.
En 2021, elles étaient 336 victimes à avoir survécu à l’horreur. Et combien d’autres n’ont jamais pu parler ?
Le pays a pourtant ratifié la Convention pour l’élimination des discriminations envers les femmes (CEDAW) en 2001. Mais à quoi sert une signature si les lois n’existent pas ? Le projet de loi « Karama », censé criminaliser le viol et les violences basées sur le genre, est bloqué depuis 2016. Huit ans de silence parlementaire. Huit ans d’inaction politique. Huit ans de trop.
Pire encore : porter plainte, c’est risquer d’être poursuivie. En Mauritanie, une victime de viol peut être accusée de « relations hors mariage ». Une double peine. Une double injustice.
Ce n’est plus tolérable. Ce n’est plus supportable.
Hawa est fille, sœur, amie, épouse, nièce, voisne. Elle avait droit à la vie, à la dignité, à la sécurité. Elle a trouvé la mort dans l’abandon, comme tant d’autres.
Ce qui lui est arrivé n’est pas un fait divers. C’est un féminicide. Un de plus. Un de trop.
Pendant que les bourreaux agissent sans crainte, l’État hésite. Pendant que les lois dorment, les victimes sont enterrées. Pendant que la société regarde ailleurs, les femmes tombent.
Ce silence, cette passivité, cette banalisation des violences nous rendent tous complices.
Nous disons STOP ! Non à la peur de sortir seule.Non à la violence tolérée. Non à l’impunité institutionnalisée.
Aujourd’hui, nous élevons la voix pour Hawa. Pour Lalla. Pour toutes les femmes disparues dans la violence et le silence. Pour celles qui vivent dans la peur au quotidien.
Nous exigeons :
✓ Une justice immédiate et exemplaire pour Hawa Traoré.
✓ L’adoption sans délai d’une loi contre les violences sexuelles et les féminicides.
✓ Des mesures concrètes de protection : refuges, lignes d’urgence, soutien psychologique et juridique.
✓ Une mobilisation politique nationale, sans excuses ni délais, pour faire de la sécurité des femmes une priorité absolue.
Protéger les femmes, c’est protéger la société tout entière.Aucun pays ne peut avancer si la moitié de sa population vit dans la peur.
À Hawa. À toutes celles que la barbarie a fait taire. Nous faisons une promesse : nous ne nous tairons plus.
#JusticePourHawa#StopFéminicides#SécuritéPourToutes#DroitsHumainsPourTous
Assa Diagana
présidente femmes leaders pour l’égalité et la justice
(Reçu à Kassataya.com le 01 juin 2025)
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