
Saharamedias – Reprendre l’école après une longue interruption est un combat difficile mais quand on a la conviction que l’éducation est la seule alternative pour réaliser ses ambitions le chemin est tout tracé.
Cette ferme conviction Bouchra l’avait, elle qui a repris ses études grâce au projet « Deuxième chance », et qui prépare aujourd’hui son baccalauréat.
Bouchra rentre de l’école normale avec l’espoir dans les yeux d’un avenir où elle se voit comme une personne instruite, travaillant pour répondre aux souhaits de ses parents, qui avaient été contraints auparavant d’interrompre ses études par nécessité matérielle, car ayant fortement besoin de son travail pour vivre.
Mais l’Association des éducateurs pairs lui a donné une seconde chance grâce à un projet sur lequel elle travaille depuis six ans et qui vise à éduquer les enfants et les adolescents et à les préparer à retourner dans des écoles normales pour parachever leur éducation.
Mohamed Aly Ould Bilal, l’un des organisateurs du projet, explique que « Second Chance » vise à sortir les victimes de l’abandon scolaire de la rue et à leur éviter de sombrer dans le monde du crime.
« L’éducation est le seul moyen de sauver ces enfants de ce bourbier et de leur donner une nouvelle vie », a-t-il déclaré à Sahara Media, soulignant qu’il s’agit là du principal objectif de l’organisation.
Une seconde chance
Le projet a débuté il y a six ans, lorsque les responsables de l’initiative ont commencé à frapper aux portes des quartiers pauvres, à la recherche d’enfants qui avaient abandonné l’école et à convaincre leurs parents de la nécessité de les ramener à l’école, qui demeure la clé d’un avenir meilleur.
Bouchra a été inspirée par l’idée et a vu dans le projet une occasion précieuse de reprendre ses études.
Elle a fait partie du premier groupe à recevoir une formation d’un an dans les classes de l’organisation, avant d’être inscrite dans une école normale et de rejoindre ses camarades au cours préparatoire.
Mais les cours de l’organisation ne se limitaient pas à l’enseignement de programmes éducatifs, ils s’attachaient également à inculquer la confiance en soi et l’autonomie, ce que Bouchra considère comme l’une des leçons les plus importantes qui ont changé sa vie.
Les enseignants l’ont préparée à devenir une jeune fille convaincue et dotée d’une forte personnalité, capable de relever les défis avec patience, ce qu’elle considère comme la clé de la réussite.
Bouchra parle de son expérience : « avant les pairs éducateurs, nous ne vivions pas cette vie, nous ne réalisions pas la valeur de l’apprentissage et de l’acquisition de connaissances, ceux-ci ont complètement changé ma vie.
Elle a terminé cette année, pleine d’enthousiasme pour retourner cycle scolaire normal en s’inscrivant à l’école 2 d’Elmina.
Elle d’ores et déjà obtenu son brevet et prépare actuellement son baccalauréat étant inscrite en sixième année du secondaire.
La clé des sept compétences
Le silence règne dans les salles de classe de l’organisation, , interrompu uniquement par les explications dispensées par le professeur aux enfants, qui écoutent attentivement, vêtus de leurs uniformes scolaires.
Ils interagissent à la demande de l’enseignant qui leur inculque non seulement l’acquisition du savoir mais aussi les valeurs de discipline et de travail d’équipe.
C’est le premier pas vers la réintégration de ces enfants dans le système éducatif normal la voie vers une véritable chance de se construire et s’assurer un avenir meilleur.
Selon le professeur Moussa Cissoko la méthodologie du projet concentre sur sept compétences, dont la mémorisation, nécessaire à l’école, la confiance en soi et la discipline, le travail d’équipe, en plus de la maîtrise des langues particulièrement indispensables.
Partenariat avec Al Maliki
Les activités éducatives ne sont pas les seules à être proposées par « pairs éducateurs » car il des cours de sport sont régulièrement organisés dans le cadre d’une approche holistique visant à développer la personnalité de l’enfant sur les plans physique et psychologique.
L’organisation s’est associée au club espagnol Real Madrid pour construire des salles de football et de basket-ball afin que les enfants développent leur confiance en eux, leur discipline et leur esprit d’équipe.
Des cours de sport sont organisés à des moments précis de la semaine, sous la supervision d’entraîneurs qualifiés qui intègrent l’activité physique dans le programme éducatif, dans le cadre d’une vision intégrée qui vise à construire une génération équilibrée capable d’interagir positivement avec son environnement.
Une histoire à succès
Six ans après son lancement, le projet est une véritable réussite, puisqu’il a permis à des dizaines d’enfants et d’adolescents d’interrompre la déperdition scolaire, en leur offrant une seconde chance d’apprendre et d’espérer un meilleur devenir.
Pour lui le plus difficile est de convaincre les familles d’accepter que leurs enfants reprennent le chemin de l’école car beaucoup de ces familles dépendent de leurs enfants pour leur quotidien.
Cependant avec le temps, la plupart des familles ont compris la nécessité et l’importance de l’éducation de leurs enfants l’acquisition de compétences afin de s’assurer une vie décente et digne.
Le phénomène de l’abandon scolaire continue de peser sur le système éducatif mauritanien, en particulier dans les zones rurales et enclavées, où les conditions de pauvreté et le manque d’infrastructures éducatives obligent des milliers d’enfants à quitter l’école prématurément ou, pire, ne pas s’y inscrire du tout.
Source : Saharamedias (Mauritanie) – Le 31 mai 2025
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