En Arabie saoudite, l’enfer des centres de «réhabilitation» pour femmes

Des centaines de Saoudiennes seraient détenues dans ce que le régime appelle des «maisons de soins», destinées aux femmes ayant désobéi. Des témoignages révèlent les violences quotidiennes que ces prisons abritent.

Slate – Dans le langage officiel saoudien, on les appelle «Dar al-Re’aya», soit l’équivalent de «maisons de soins». En réalité, ces prisons disséminées sur le territoire d’Arabie saoudite sont utilisées pour y enfermer secrètement des femmes bannies par leur famille ou par leur mari. Ces dernières sont généralement accusées d’avoir désobéi, d’avoir eu des relations sexuelles hors mariage ou encore de s’être absentées de leur maison sans autorisation.

Selon le quotidien anglais The Guardian, qui a recueilli pendant les six derniers mois de nombreux témoignages, elles seraient des centaines à être enfermées dans ces «maisons de soins» censées pouvoir les «réhabiliter». Plusieurs d’entre elles décrivent des conditions de vie «infernales», des flagellations hebdomadaires, des enseignements religieux forcés et l’absence de visites ou de contacts avec le monde extérieur.

Les souffrances qu’endurent ces femmes sont telles que plusieurs suicides et tentatives de suicide ont été rapportées par l’ONG ALQST. Les détenues peuvent rester plusieurs années enfermées dans ces centres et doivent attendre l’autorisation de leur famille, ou d’un tuteur masculin, pour pouvoir les quitter.

«Toutes les filles qui grandissent en Arabie saoudite connaissent Dar al-Re’aya et son horreur, raconte une jeune Saoudienne, qui a réussi à s’exiler. C’est l’enfer. J’ai tenté de mettre fin à mes jours quand j’ai appris qu’on allait m’y emmener. Je savais ce qui arrivait aux femmes là-bas et je me suis dit: Je n’y survivrai pasSelon plusieurs activistes, ces prisons sont un des outils du régime les moins connus pour contrôler les femmes et les punir.

Un secret bien gardé

Sarah Al-Yahia, une activiste qui a lancé une campagne pour abolir ces «maisons de soins», a parlé à de nombreuses femmes qui décrivent un régime abusif, avec des détenues soumises à des fouilles à nu et à des tests de virginité à leur arrivée, recevant même des sédatifs pour les endormir.

«C’est une prison, pas une maison de soins comme ils aiment l’appeler, affirme-t-elle. Elles s’appellent par des numéros. Numéro 35, viens ici. Quand l’une des filles donnait son nom de famille, elle recevait des coups de fouet. Si elle ne priait pas, elle recevait des coups de fouet. Si on la trouve seule avec une autre femme, elle reçoit des coups de fouet et est accusée d’être lesbienne. Les gardiens se rassemblent et regardent les filles se faire fouetter.»

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Repéré sur The Guardian

 

 

 

Nina Bailly

 

 

 

Source : Slate (France) – Le 31 mai 2025

 

 

 

 

 

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