Le code noir bientôt abrogé

L'historien sénégalais Mansour AW revient sur le contenu du Code noir sur l'esclavage et la décision des autorités françaises de l'abroger enfin.

Deutsche Welle – Le fameux Code noir édicté par le roi Louis XIV en 1685, et qui légiférait l’esclavage dans les colonies françaises n’a pas été aboli en 1848 comme on le croyait. Le 10 mai, à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, le premier ministre français François Bayrou a promis de faire abolir le Code noir sur l’esclavage. Cette mesure vise à tromper les Africains, estime Mansour AW, historien de l’esclavage, la traite négrière et des processus coloniaux.

Mansour AW : Il y a toute une histoire liée au Code noir sur l’esclavage. Pendant très longtemps, les esclaves ont été considérés comme des biens meubles sans droits qui sont aliénables à tout moment, qu’on peut vendre, qu’on peut acheter, qu’on peut faire faire tout ce qu’on veut.

Mais le Code noir a introduit des éléments d’évolution pour accorder le baptême, la conversion au christianisme, et ensuite à reconnaître des jours fériés. Cela ne supprimait pas l’esclavage mais c’était une avancée par rapport à ce qui existait avant.

DW : Pourquoi le décret de l’abolition de l’esclavage de 1848 n’avait pas abrogé le Code noir sur l’esclavage ?

Mansour AW : Mais cela n’a aucun sens parce que l’esclavage est supprimé ! Et le Code noir, il n’est plus en vigueur, il est caduque ! Ce sont des subtilités sur le plan juridique. Ce qui est certain, c’est que l’abolition de 1848 était très importante. N’empêche que l’esclavage et la traite négrière avaient continué au-delà de 1948.

Même jusqu’au 20ème siècle, l’esclavage et la traite négrière ont continué, jusqu’à présent. La traite des personnes continue d’une manière ou d’une autre à travers des réseaux criminels sur le plan mondial.

DW : Le premier ministre français, François Bayrou a promis de faire abolir le Code noir sur l’esclavage. Quelle est l’importance de cette mesure ou bien il s’agit d’une simple opération de communication ?

Mansour AW : Je ne sais pas les tenants ni les aboutissants. Je ne vois pas non plus à quoi ça peut servir. Peut-être une question de laver sa conscience ! On est habitué avec la classe politique française à des acrobaties, à des opérations de saupoudrage pour tromper les Africains et pour les divertir, et ça ne mène à rien !

Une fois que l’esclavage et la traite négrière ont été reconnus comme crime contre l’humanité, ce qu’on attend, c’est des actions de réparation ! Et celles-ci ne viennent pas. Et toute la question est : pourquoi elles ne viennent pas ?

 

 

Robert Adé

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

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