Parler du football mauritanien, c’est souvent évoquer les succès récents, les compétitions continentales, les joueurs professionnels évoluant à l’étranger. Mais dans ce récit moderne, un pan entier de notre histoire est peu à peu relégué à l’oubli : celui des pionniers, des hommes qui ont porté le maillot national avec fierté à une époque où les moyens étaient inexistants, mais où l’amour de la patrie brillait plus fort que tout.
Djiby N’Diaye fait partie de cette génération sacrifiée. Ancien milieu de terrain du Ksar, du Chebab Riyadhi, et des équipes nationales de l’époque, les Espoirs notamment, il était l’un des plus jeunes de sa génération, mais déjà un pilier. Véritable sentinelle au milieu, adepte de la passe millimétrée, intelligent dans son placement, Djiby alliait élégance et efficacité. Il n’était pas qu’un récupérateur hors pair, il était aussi une rampe de lancement pour les attaquants comme Kopa, dans une équipe qui respirait la solidarité et le dépassement de soi.
Aux côtés de figures telles que Tahara, feu Zeini Ould Bouyagui, ou encore Mamadou Sène, Djiby formait une ossature solide. Ensemble, ils ont porté haut les couleurs nationales à une époque où jouer pour la sélection n’était pas synonyme de carrière ou de confort, mais d’engagement total.
Aujourd’hui, alors que les tribunes chantent les noms des héros contemporains, le silence entoure ces anciens qui ont bâti les fondations de notre football. Djiby N’Diaye mérite qu’on se souvienne de lui. Mieux : il mérite un hommage de son vivant. Car un pays qui oublie ses pionniers est un pays qui se trahit lui-même.
Il est temps d’ouvrir un véritable chantier de reconnaissance envers ceux qui ont tout donné sans rien attendre en retour. Un musée, des cérémonies, des soutiens… Autant de gestes simples mais forts pour dire : merci. Merci à Djiby. Merci à tous les autres.
Mohamed Feily
Journaliste sportif et spécialiste en communication
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