Mauritanie – Acquisition des véhicules de luxe par les services gouvernementaux : la saga va-t-elle s’arrêter ?

SaharamediasDepuis des années, les Mauritaniens font campagne sur les médias sociaux, partageant des photos de voitures de luxe portant des plaques d’immatriculation gouvernementales qui circulent dans les rues en dehors des heures de travail, devant les restaurants et sur les plages, dénonçant ce qu’ils décrivent comme un gaspillage de l’argent public.

Selon une enquête gouvernementale publiée en 2022, certains ministères sont désireux d’acquérir une flotte annuelle de voitures qui coûtent des dizaines de millions d’ouguiya au trésor public, pour ensuite disparaître dans la circulation de Nouakchott ou dans les garages des maisons.

Malgré les tentatives des gouvernements successifs de limiter l’utilisation de ces véhicules à des fins personnelles, et de limiter l’expansion de l’achat de voitures de luxe sans justification claire ni rentabilité sur le travail gouvernemental, le phénomène continue à persister.

La dernière mesure en date est la circulaire publiée vendredi par le Premier ministre Mokhtar Ould Diay, qui détermine les mesures et les conditions pour l’acquisition et à l’utilisation de véhicules de service dans les secteurs gouvernementaux et les organismes affiliés.

La circulaire exige que les agences gouvernementales justifient le besoin de tout véhicule avant de l’acquérir et qu’elles en informent le bureau du Premier ministre à l’avance, en soulignant la nécessité d’éviter l’achat de voitures de luxe et de respecter strictement les procédures légales de passation des marchés publics.

La circulaire stipule également que ces véhicules doivent être immatriculés dans les séries désignées pour l’immatriculation gouvernementale, telles que « SG » et « IF », et insiste sur la rationalisation de leur utilisation afin de garantir l’efficacité et l’économie des ressources.

Mohamed Cheikh, vice-président du parti « Mauritanie en avant », a déclaré que toute décision visant à rationaliser les ressources de l’état est un pas positif favorablement accueillie, en particulier par l’opposition.

Dans une déclaration à Sahara 24, Mohamed Cheikh a indiqué que la décision « nécessite plus de détails et de suivi, et la clarification des mécanismes à travers lesquels elle sera mise en œuvre », soulignant que « la Mauritanie dispose d’un arsenal juridique solide, mais le problème réside en la mise en œuvre, de cette circulaire».

Bien que cette décision ait été accueillie favorablement, elle n’est pas la première du genre car En 2021, l’ancien premier ministre Mohamed Ould Bilal a signé un arrêté interdisant l’utilisation des véhicules gouvernementaux au-delà de 18 heures, et chargeant sécuritaires de leur application, des mesures qui n’ont pas résisté au temps.

Ces préoccupations ont été renforcées par des rapports publiés par la Cour des comptes, qui ont révélé que des voitures appartenant à des projets gouvernementaux étaient exploitées illégalement et facturées avec des dépenses sans rapport avec les objectifs pour lesquels elles avaient été acquises.

En mars 2022, le ministère des finances avait publié les résultats préliminaires d’un audit réalisé avant 2020, qui a révélé la perte de 961 voitures gouvernementales, dont 505 voitures ayant complètement disparu, 304 voitures qui ont été cédées illégalement, et 60 voitures parties en mission officielle avec des ordres de mission mais jamais revenues.

Le ministère a également confirmé l’existence de 92 voitures à numérotation régulière, qui ont été attribuées à des personnes qui n‘en avaient pas le droit.

Le vice-président du parti « Mauritanie en avant » estime que pour lutter contre ce type de corruption, il faut accorder des pouvoirs plus étendus à la Commission des marchés publics et à l’Inspection de l’état, afin qu’elles puissent contrôler et vérifier de près les besoins réels du fonctionnaire en matière de véhicules.

La simple notification à la Primature n’est pas suffisante, a-t-il dit, car elle peut être basée sur des « informations inexactes ou trompeuses ».

 

 

 

Source : Saharamedias (Mauritanie) – Le 25 mai 2025

 

 

 

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