La Côte d’Ivoire veut faire son cinéma

Outre les séries destinées au public local, le gouvernement espère attirer davantage de productions étrangères. Pour donner un coup de pouce à la professionnalisation de la filière, trois studios sont en construction à Abidjan.

Le Monde  – Dans une ruelle sablonneuse d’Abidjan flotte un air d’autrefois. Entre deux barres d’immeubles, les comédiens de 220 logements jouent au damier, à côté d’une vieille cabine téléphonique et d’un petit maquis reconstitué de toutes pièces, vantant les mérites de la Bock, « la bière de l’homme fort ». La nouvelle création d’A +, la chaîne de Canal+ consacrée aux séries africaines, promet une plongée dans les années 1990 et la vie d’un quartier populaire les fameux « 220 logements » – alors célèbre dans la capitale économique de Côte d’Ivoire.

Coproduit par la société ivoirienne Plan A, ce feuilleton quotidien de 104 épisodes, annoncé pour juin, est un nouveau pari pour Canal+. En Afrique francophone, le groupe mise depuis des années sur la production locale pour séduire les téléspectateurs. Mais « c’est inédit de proposer une série dont l’action se déroule dans le passé », résume Michel Mutombo-Cartier, directeur général d’A +.

Faut-il y voir la preuve d’une certaine maturité de la scène audiovisuelle ivoirienne ? Sa vitalité ne fait, en tout cas, guère de doute pour les professionnels du secteur. « Ça tourne partout, tout le temps », s’enthousiasme le réalisateur Jean-Jules Porquet, à la manœuvre le même jour dans un autre quartier de la ville pour cornaquer l’équipe de la sitcom mélodramatique Amours interdites, destinée à La Nouvelle Chaîne ivoirienne (NCI).

Un défi audacieux

La libéralisation du paysage audiovisuel, qui s’est traduite par l’arrivée, à partir de 2019, de nouvelles chaînes privées comme NCI ou Life TV, a contribué à stimuler la demande de contenus locaux. Tout comme l’africanisation des programmes engagée depuis une décennie par Canal+, qui vante ses nouvelles sagas à coups d’affiches géantes pavoisant les rues d’Abidjan.

Les autorités, quant à elles, ne ménagent pas leurs efforts pour promouvoir les atouts du pays comme « terre de tournages ». Un défi audacieux, à deux heures d’avion de Lagos, au Nigeria, où l’industrie locale Nollywood a atteint une notoriété planétaire en fabriquant des fictions à la chaîne. « Mais la Côte d’Ivoire est en train de s’imposer comme un acteur de premier plan dans les séries », défend la ministre de la culture et de la francophonie, Françoise Remarck, en rappelant que plusieurs feuilletons ivoiriens ont raflé les premiers prix lors de la dernière édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, en février.

Le gouvernement espère désormais attirer de plus en plus de productions étrangères. Une commission du film a ainsi été lancée en 2024 pour faire la publicité du pays et accompagner les équipes internationales. C’est d’ailleurs en Côte d’Ivoire, à Yamoussoukro, qu’a été en partie tourné le dernier film de Jean-Pascal Zadi, Le Grand déplacement – en salles en France le 25 juin , sur une mission d’astronautes africains.

« Nous avons beaucoup à offrir »

« Nous sommes mobilisés pour bien accueillir ces grandes productions en leur évitant toutes les tracasseries administratives, en matière de visas ou quand le matériel arrive, explique Françoise Remarck. Nous avons beaucoup à offrir, notamment la diversité de nos décors naturels. Et nous souhaitons qu’un maximum de techniciens ivoiriens soient associés à ces tournages. »

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 (Abidjan, envoyée spéciale)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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