
So Foot – Une page blanche va se tourner. Ou plutôt, une bible. Alors qu’il vient de rendre officiel son départ du Real Madrid en fin de saison, Luka Modrić va laisser un immense vide derrière lui dans la capitale espagnole. Au-delà même du palmarès, d’une page qui se tourne, ou de la perte sportive, c’est un humain d’exception qui s’en va et qu’il faudra remplacer à Madrid. Il ne jouera que le temps d’une compétition sous les ordres de Xabi Alonso, son ancien coéquipier, mais c’est déjà une belle forme de romantisme, à son image.
Meneur d’hommes et de jeu
Cette fois, ça y est, c’est bel et bien fini. À 39 ans, Luka Modrić a annoncé son départ du Real Madrid, ce jeudi, et les hommages se multiplient depuis. Le Croate disputera même le dernier match de sa carrière au Bernabéu, samedi à 16h45 face à la Real Sociedad, avant de participer à la la Coupe du monde des clubs, puis de plier bagage, après 13 ans de bons et loyaux services au sein de la Maison-Blanche. Avec 590 rencontres sous le maillot merengue, soit le neuvième total de l’histoire du club, 28 trophées, record absolu, parmi lesquels six (!) Ligue des champions ou quatre Liga, il est peu dire que le Croate est un monstre sacré au sein du plus grand club du monde. Un an après le départ de Toni Kroos et trois ans après celui Casemiro, le milieu madrilène se retrouve à nouveau orphelin de l’un ses piliers. Les Camavinga, Tchouaméni, Valverde, Bellingham vont vite devoir montrer s’ils peuvent assumer la relève sans être biberonnés désormais. Car même s’il ne jouait plus autant, il facture tout de même 55 matchs cette saison, a continué de colmater pas mal de brèches et a aussi illuminé par moment la saison du Real.
S’il débarquera vraisemblablement sur le banc madrilène dès le Mondial des clubs, Xabi Alonso ne profitera pas longtemps des talents du Croate et c’est bien dommage. Car il y a fort à parier qu’avec 10 ans de moins, il aurait pu briller dans le football total et emballant de l’Espagnol. Encore capitaine à 25 reprises cette année, son aura n’avait pas bougé d’un iota et ses adieux annoncés au Bernabéu samedi risquent de faire mouiller les mouchoirs, d’autant qu’ils seront accompagnés de ceux d’Ancelotti.
Un Galactić à sa façon
Numéro 10 sur le dos depuis la saison 2017-2018, Luka Modrić a constamment justifié le port de ce nombre légendaire sur le terrain. Mais en dehors, il n’a jamais vraiment cherché les strass et les paillettes, éclipsé aussi, par tout un empilement de superstars à ses côtés. À l’image de son jeu finalement, plus passeur que buteur, 95 offrandes tout de même, où il a par exemple magnifié l’extérieur du droit. Et pourtant, au milieu de tout ça, il s’est inscrit dans la lignée des Ballons d’or madrilènes, en soulevant le trophée en 2018, au nez et à la barbe des Français champions du monde. Une récompense inespérée en début de carrière, qui a eu le mérite de couronner une saison où il a failli emmener la Croatie sur le toit du monde.
La saison prochaine, le diez devrait vraisemblablement retomber sur les épaules de Kylian Mbappé ou Jude Bellingham, à moins que Florian Wirtz ne vienne rafler la mise. D’autres types de joueurs, chacun à leur façon, sur et en dehors du terrain. Leurs hommages appuyés, le Français avançant qu’il avait pu « voir de plus près ce que la GRANDEUR signifie vraiment », tandis que l’Anglais a parlé de sa « gratitude pour avoir eu l’honneur d’être son coéquipier ». Des marques de respect qui se sont multipliées et donnent une certaine idée de l’homme qu’il est.
Avec la Coupe du monde 2026 en ligne de mire et comme probable ligne d’arrivée de sa carrière (avec le cap des 200 sélections dans le viseur, 186 aujourd’hui), difficile de l’imaginer raccrocher les crampons dès cet été. Si nul ne sait de quoi son avenir sera fait – il avait tout de même émis le souhait de finir au Real – l’imaginer en rock star pour une tournée d’adieu en Croatie aurait pas mal de gueule, tout autant qu’un retour à Tottenham, pour une dernière danse en Ligue des champions et pour distiller quelques conseils à James Maddison. Tant qu’on l’apprécie toujours sur un terrain, tout le monde s’en satisfera, même s’il doit aller chercher d’ultimes (gros) deniers en Arabie saoudite, et il y a fort à parier que le Real se mordra les doigts de ne pas l’avoir resigné le temps d’une saison. À moins qu’il ne quitte définitivement les terrains pour un poste de dirigeant, une hypothèse déjà émise l’an dernier par Tomás Roncero. Ça aurait tout de même moins d’attrait, alors autant finir sur une note plus envoûtante que l’on doit à Don Carlo en février dernier : « Modrić est un cadeau pour le football, il doit continuer jusqu’à ce qu’il le souhaite. »
Julien Faure
Source : So Foot
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com