Indépendance ou Dépendance ? Quand le confort bat les discours

Eywa : Ce n’est ni la pauvreté, ni le chômage, ni même le racisme institutionnalisé ou l’esclavage qui refuse de mourir qui semblent troubler le plus les esprits en Mauritanie. Non, le vrai fléau, à en croire certains, ce serait la fatigue de devoir encore entendre parler de la colonisation, comme si elle gérait toujours les tribunaux, les passe-droits, les marchés publics et les nominations.

Pourtant, depuis 65 ans, la grande prouesse nationale a été de remplacer le colon… par une version locale, souvent pire. Ironiquement, le colon, lui, savait encore construire des routes, bâtir une administration, fournir des hôpitaux, une école laïque et même des papiers d’identité cohérents. Aujourd’hui, on a l’indépendance — mais sans infrastructures, sans État de droit, sans école digne, ni hôpital, ni espoir. On a tout gardé de la domination, sauf ce qui fonctionnait. Un exploit postcolonial !

À ce rythme, certains commencent à envisager l’impensable : “Et si on rappelait le colon ?” Lui au moins, offrait le RSA, la retraite, la CMU, le SMIC, la CAF… Certes, c’était l’exploitation — mais elle avait un rendement.

Ce même dilemme, Mayotte l’a tranché depuis longtemps. Cette île, présentée par certains comme un bastion rebelle au rêve comorien, continue de choisir les seringues pleines aux slogans vides. Hôpitaux en état, écoles avec des profs payés, eau potable, routes, et surtout… des allocations mensuelles. Les Mahorais ont fait leur choix : celui du service public plutôt que de l’utopie de la souveraineté dans la misère.

Et pendant que les dirigeants comoriens dénoncent la trahison de Mayotte, leurs propres citoyens fuient l’archipel en pirogue pour venir s’entasser dans les bidonvilles de Mamoudzou. L’indépendance, oui — mais avec un visa pour le RSA.

Ce n’est donc pas le colon qui a échoué, mais l’élite postcoloniale. Celle qui a cru qu’il suffisait d’hériter du pouvoir pour en avoir la légitimité, sans jamais assumer la compétence ni la décence. Elle a voulu l’État, sans la justice ; la souveraineté, sans les responsabilités ; l’autorité, sans la reddition de comptes.

Alors peut-être faut-il cesser de parler aux peuples d’honneur et de dignité, quand ils réclament juste de l’eau, des soins, une éducation et un avenir. Peut-être faut-il cesser de leur vendre l’indépendance comme un dogme, quand elle se traduit dans les faits par la débrouille, la fuite, l’humiliation et l’exil.

Et si le vrai scandale, ce n’était pas que certains regrettent le colon — mais que l’État indépendant n’ait jamais su faire mieux que lui ?……. Wetov

 

 

SY Mamadou

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 22 mai 2025)

 

 

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