
Difficile de ne pas être ému en voyant le grand journaliste, l’un des plus emblématiques de la Mauritanie, Dicko Soudani, dandinant devant les locaux du patronat. Il y occupait le poste de secrétaire général de la Fédération des pâtissiers et boulangers, avant d’être « démissionné » contre sa volonté.
Malade, Dicko Soudani avait demandé à ses employeurs une permission de longue durée pour aller se faire opérer du cœur en France. Dans un premier temps, sa demande avait été acceptée. Mais une fois tous ses examens médicaux terminés, il est revenu informer ses employeurs de son état et de son départ imminent. C’est à ce moment qu’ils lui ont « suggéré » de présenter sa démission — ce qu’il a malheureusement accepté.
Pire encore : lorsqu’il a écrit, sur conseil d’un ami, à la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) pour solliciter un soutien financier de la caisse dédiée à la presse, il ne s’est vu accorder que la modique somme de 5 000 MRU — comme un mendiant.
Comment peut-on traiter avec autant de légèreté une figure aussi emblématique du journalisme mauritanien ? Un homme qui, pendant plus de vingt ans, a été successivement :
Directeur général adjoint de Radio Mauritanie,
Directeur général adjoint de la télévision nationale,
Et enfin, directeur général de l’Agence Mauritanienne d’Information.
Comment un pays peut-il abandonner un tel symbole ? Est-ce parce qu’il est vieux, malade ou simplement parce qu’il a gardé son intégrité dans un environnement souvent dur et ingrat ?
C’est profondément regrettable dans une République qui se veut respectueuse de ceux qui l’ont servie. Le président de la République, dont la compassion a été démontrée dans plusieurs cas similaires, devrait se pencher sérieusement sur le sort de Dicko Soudani, afin de lui rendre un minimum de dignité et l’aider à ne pas finir humilié par ceux qui l’ont un jour applaudi… avant de le jeter.
À bon entendeur, salut.
Mohamed Feily
Journaliste sportif et spécialiste en communication
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