Crystal Palace : plus longue est l’attente, plus doux est le baiser

120 (voire 164) ans après sa création, Crystal Palace a décroché samedi son premier trophée majeur, en dominant Manchester City en finale de la FA Cup (1-0). Un sacre historique pour ce club plus habitué au ventre mou et aux divisions inférieures qu’aux cotillons.

So Foot  – Tout vient à point à qui sait attendre, paraît-il. Ce samedi, Crystal Palace a donné raison, une bonne fois pour toutes, à François Rabelais. En terrassant Manchester City en finale de la FA Cup (1-0), Palace a glané son premier trophée digne de ce nom en 120 ans d’existence. Gagner des titres fait partie de la routine pour certains supporters, quand d’autres doivent patienter une vie entière. « Ça fait 70 ans que j’attends ce moment. J’ai cru que je mourrais avant que ça n’arrive », s’émouvait un supporter à la sortie de Wembley.

Le symbole Mark Wealleans

Depuis sa création en 1905 (1861 selon le club, une date contestée par les historiens), le Crystal Palace FC n’a connu ni strass ni paillettes. Son histoire est plutôt faite de ventre mou, de désillusions en finale de Cup face à Manchester United (1990, 2016) et de menaces de redressement judiciaire. En 2010, l’actuel président Steve Parish participe au sauvetage de l’équipe – qu’il supporte depuis tout petit –, alors proche de la liquidation et de la descente en troisième division. Quinze ans plus tard, le sacre face aux Citizens doit beaucoup à ce businessman, qui a solidement installé Crystal Palace en Premier League. « À l’époque, on n’aurait jamais imaginé avoir une telle équipe, un tel coach et être des vainqueurs. C’est incroyable », déclarait-il après la victoire.

Ce samedi, on ressentait le poids de cette histoire aussi bien en tribunes que sur le terrain. Les « Holmesdale Fanatics » (unique groupe ultra de Premier League) ont d’abord déployé un tifo représentant Mark Wealleans, un supporter qui avait célébré un but fou de Darren Ambrose face à United en 2011 en serrant ses deux jeunes garçons contre lui. Cet habitué de Selhurst Park est décédé d’un cancer en 2017, et ses deux enfants ont découvert l’hommage depuis les gradins de Wembley. Les supporters de Palace n’ont ensuite laissé aucune chance aux fans des Skyblues, qui ont eu bien du mal à se faire entendre. Les travées du plus grand stade anglais étaient d’ailleurs remplies d’anciennes figures rappelant l’histoire et les galères de Palace : Mark Bright, sur le terrain lors de la finale de 1990, a enfin soulevé le trophée qui lui était passé sous le nez 35 ans plus tôt. Dougie Freedman (19 saisons au club en tant que joueur, entraîneur puis directeur sportif) était là aussi, tout comme Roy Hodgson et même Frank de Boer, pourtant limogé après cinq pauvres matchs à la tête de l’équipe en 2017.

Le match d’une vie

Sur le terrain, il fallait voir la détermination qui habitait les coéquipiers de Marc Guéhi pour comprendre que ce match était celui d’une vie. Pendant plus de 100 minutes, Crystal Palace a couru après le ballon, confisqué par une équipe dont le jeu semblait parfois plus proche du handball que d’autre chose. Malgré ses 78 % de possession, Manchester City s’est heurté à un mur. Ou plutôt des murs. Chris Richards et ses douze dégagements, Dean Henderson et ses sept arrêts dont un penalty, et bien sûr Eberechi Eze. Mis sur orbite par Daniel Muñoz et Jean-Philippe Mateta, l’Anglais a crucifié Ortega sur l’une des seules occasions des Eagles, dans un premier quart d’heure où ces derniers n’avaient que 12 % de possession. « Je n’arrivais pas à respirer. City garde tellement bien le ballon. On sait que quand on arrive dans leur surface, on doit faire la différence », rejouait l’international anglais en zone mixte.

Je m’en fiche si on ne gagne plus jamais le moindre match.

Un supporter à la BBC

Ce sacre est aussi celui d’un coach, l’Autrichien Oliver Glasner. Malgré la perte de cadres comme Michael Olise (Bayern) ou Joachim Andersen (Fulham), l’ancien vainqueur de la Ligue Europa avec Francfort a donné un nouveau souffle à une équipe lassée par des années de kick and rush sous Hodgson. « Le plus grand accomplissement, ce n’est pas simplement de soulever un trophée, philosophait Glasner après la rencontre. C’est d’avoir pu offrir un moment de bonheur à 10 000 de nos supporters, aux habitants du sud de Londres. Peut-être que certains ont des problèmes à la maison. On leur a donné des heures, des jours pendant lesquels ils pourront tout oublier. »

« Des larmes que je ne soupçonnais pas ont coulé », confiait un supporter à la BBC. « Je m’en fiche si on ne gagne plus jamais le moindre match. Je suis tellement heureux », s’extasiait un autre. Plus que la victoire historique d’un club, ce titre est une ode au football et surtout aux coupes, où les petits font vaciller les grands comme nulle part ailleurs. « J’ai toujours voulu gagner la FA Cup, racontait le président Parish. Quand on a perdu (en 1990) avec Ian (Wright) et Mark (Bright), j’ai eu le cœur brisé. La Cup représente tellement de choses pour ma génération. »

 

 

 

Vivien Dupont

 

 

 

Source : So Foot 

 

 

 

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