Mauritanie : la polémique sur le discours en français de Niang Mamoudou relance l’officialisation des langues nationales 

Ce discours en français suscite depuis quelques jours des réactions chauvines de nationalistes extrémistes arabes. Il s’agit de polémiques malsaines révélatrices de la négation des cultures négro-africaines d’un côté et de l’autre le quasi-parachèvement du processus de l’arabisation en Mauritanie.

Le ministre de l’Habitat Niang Mamoudou en a fait les frais cette semaine à l’occasion de l’inauguration des nouveaux locaux de l’Ecole phare nationale d’Administration de magistrature et du journalisme. Le ministre négro-africain est victime de la foudre des tenants de l’arabité.

Ces critiques sur la langue relancent le débat sur la place des langues étrangères comme le français et l’anglais comme langues de communication et en particulier l’officialisation des LN(pulaar, soninké et ouolof) au même titre que l’arabe. C’est le statut de ces langues qui est pointé du doigt comme la seule solution à la diversité culturelle et à leur introduction dans l’enseignement. La loi d’orientation du système éducatif national, adoptée en 2022, renforce la primauté de l’arabe et marginalise les autres langues nationales.

L’absence d’officialisation des langues nationales limite les opportunités pour les locuteurs non arabophones, notamment dans l’administration publique et l’éducation. En politisant le discours en français d’un ministre de la République, les nationalistes étroits mauritaniens entendent asseoir leur domination culturelle. C’est le système qui s’apparente à de l’arabisation à outrance que les Mauritaniens doivent combattre et non les hommes toutes tendances confondues, qui sont acteurs de la République.