Turquie : le PKK annonce sa dissolution et la fin de la lutte armée

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé lundi sa dissolution et la fin de plus de quatre décennies d'une lutte armée contre l'Etat turc qui a fait plus de 40.000 morts.

Courrier international  – Dans un communiqué cité par l’agence prokurde ANF, le PKK considère qu’il a accompli sa « mission historique » et que grâce aux armes la question kurde est parvenue « à un point où elle peut désormais être résolue par une politique démocratique ».

Il confirme que le 12e Congrès du parti, tenu la semaine passée dans les montagnes du nord de l’Irak, « a décidé de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la voie de la lutte armée », répondant ainsi à l’appel de son chef historique et fondateur, Abdullah Öcalan, lancé le 27 février.

A Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est, la nouvelle a été accueillie avec une satisfaction sans joie excessive, par une population lasse de la violence et des faux espoirs.

Abdulhakim Doganer, commerçant de 49 ans dans le centre-ville, dit avoir « vu le bonheur sur les visages »: « Avec la permission de Dieu, ça continuera. Nous, le peuple kurde, n’avons jamais vraiment été partisans de la guerre » assure-t-il.

« Nous voulons que ce processus continue.il ne doit pas rester inachevé. Ils ne doivent pas tromper les gens comme les fois précédentes » reprend, méfiant, Fahri Savas, ouvrier de 60 ans. « Ils ne doivent pas tromper les Kurdes » ajoute-t-il à propos du gouvernement.

Le président Recep Tayyip Erdogan n’avait pas commenté l’annonce du PKK en fin d’après-midi, mais son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a salué « une étape historique et encourageante » pour « la paix et la stabilité », .

Le parti au pouvoir, l’AKP, a salué « une étape importante vers l’objectif d’une Turquie débarrassée du terrorisme », qui doit « être mise en pratique et réalisée dans toutes ses dimensions », a insisté Ömer Çelik, le porte-parole du parti, sans en préciser les modalités.

« Responsabilité face à l’Histoire »

Dans son communiqué, le PKK souligne que sa dissolution « fournit une base solide pour une paix durable et une solution démocratique » et en appelle au Parlement turc.

« À ce stade, il est important que la Grande Assemblée (…) joue son rôle avec responsabilité face à l’Histoire », indique-t-il.

« Ce n’est pas la fin, c’est un nouveau départ », a jugé Duran Kalkan, membre du comité exécutif du PKK, pendant le congrès extraordinaire du parti armé, selon l’agence prokurde Mezopotamya.

Selahattin Demirtas, leader politique kurde emprisonné depuis 2016, a salué lundi une « étape historique » qui pourrait selon des observateurs conduire à sa libération et celles d’autres prisonniers kurdes.

L’autodissolution du PKK est l’aboutissement d’un processus initié à l’automne par le principal allié du président Recep Tayyip Erdogan, le nationaliste Devlet Bahçeli qui a tendu la main à M. Öcalan et lancé une médiation via le parti prokurde DEM.

Pour le DEM, « la porte vers une solution politique au problème kurde est désormais grande ouverte ».

M. Bahçeli a lui dit espérer que « la page sanglante écrite (par le PKK) depuis 47 ans soit refermée pour ne plus jamais être rouverte ».

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Istanbul (AFP)

 

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

 

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