
Courrier international – C’est un incident qui a conduit, en 2019, Gui Christ à commencer son projet consacré aux religions de matrice africaine au Brésil. “Je marchais dans la rue pour me rendre à un temple d’umbanda [une religion afro-brésilienne], et je portais des vêtements religieux très simples, blancs, avec des colliers. Je passe devant une église néopentecôtiste [un courant du christianisme évangélique], une voiture sort du parking et le conducteur tente de me renverser. Sur le véhicule, je remarque un autocollant ‘Jésus est l’unique sauveur’, et je comprends alors que je viens de subir un acte d’intolérance religieuse.”
Le photographe prend bien soin de préciser qu’étant blanc il ne vit pas la même expérience que nombre de ses coreligionnaires, mais il souligne aussitôt que, dans son pays, les discriminations envers les religions afro-brésiliennes s’inscrivent dans un racisme structurel. Et raconte à quel point elles sont ancrées dans l’histoire coloniale.
La stigmatisation des pratiques religieuses des populations asservies et déplacées de force par les Portugais a perduré bien après l’indépendance (1822) et même l’abolition de l’esclavage (1888). Au long du XXe siècle, la police a poursuivi les persécutions, par exemple par des arrestations ou des confiscations d’objets de culte. “Tout cela crée une culture brésilienne funeste qui rejette ces religions considérées comme démoniaques, sales, primitives.” Le photographe explique qu’à l’heure actuelle certaines milices de narcotrafiquants sont proches des milieux néopentecôtistes radicaux, et interdisent, par la violence, les pratiques afro-brésiliennes dans les zones qu’elles contrôlent.
Mettre en valeur le symbolisme des rituels
Gui Christ tient à montrer la résistance des populations concernées, leur lutte contre l’invisibilisation et ce qu’il qualifie de racisme religieux. Ainsi M’kumba, le titre de sa série, est un terme utilisé péjorativement pour désigner les cultes afro-brésiliens, mais le photographe en rappelle l’origine bantoue, très positive : “Il désigne des rassemblements de sages qui ont joué un rôle très important à l’époque coloniale lors des rites et des célébrations.”
Pour les besoins de ce travail, il a parcouru le Brésil pour rencontrer diverses communautés de pratiquants. Candomblé, umbanda, catimbó… Les rites varient selon les régions. Certains portraits mettent en scène la représentation d’orixás, des divinités, d’autres puisent dans la symbolique des cérémonie
Source : Courrier international (France)
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