
de l’un des procès les plus décriés de la présidence de Kaïs Saïed se sont retirés pour délibérer.
– La Tunisie a assisté à une tragédie judiciaire, « une pièce de théâtre médiocre », comme l’a déploré la Coordination des familles de prisonniers politiques, vendredi 18 avril. Au terme d’une audience sous haute protection policière à laquelle ni les journalistes, ni les organisations des droits de l’homme, ni les membres de missions diplomatiques n’ont eu le droit d’assister, les jugesLe verdict est tombé samedi avant l’aube, à 5 heures du matin, et s’est révélé particulièrement lourd pour la quarantaine d’accusés de complot contre la sûreté de l’Etat : treize à soixante-six ans de prison ont été décidés contre ces opposants politiques, journalistes, membres de la société civile qui, pour beaucoup, n’avaient pas de lien entre eux. Même le philosophe français Bernard-Henri Lévy figure sur la liste.
Aucun détail n’a été communiqué officiellement, mais, depuis, des précisions ont été diffusées par l’avocat Abdessatar Messaoudi et repris par les médias – leur confirmation officielle ne pourra avoir lieu avant lundi. Considéré comme l’un des principaux instigateurs du « complot », selon le dossier d’instruction, Kamel Eltaïef, 70 ans, influent homme d’affaires lié aux cercles du pouvoir sous Zine El-Abidine Ben Ali, aurait été condamné à soixante-six ans de prison ferme, la peine la plus lourde.
Khayam Turki, militant pour la démocratie, aurait écopé de quarante-huit années de prison ferme. Noureddine Bhiri, ancien ministre et cadre du parti islamo-conservateur Ennahda, incarcéré et condamné à dix ans de prison en octobre 2024 dans une autre affaire, aurait écopé d’une peine supplémentaire de quarante-trois ans de prison. Les trois hommes étaient décrits par le juge d’instruction comme les cerveaux d’une conspiration aux contours restés flous lors des audiences.
Décision « politique »
Egalement arrêtés en février 2023, les opposants Jaouhar Ben Mbarek, professeur de droit et ancien conseiller à la présidence du gouvernement, Ridha Belhaj, avocat et ancien haut fonctionnaire, et Chaïma Issa, universitaire – libérée en juillet 2023 – auraient été condamnés à dix-huit ans de prison. Tous trois étaient membres du collectif Tunisiens contre le coup d’Etat et du Front du salut national, principale coalition d’opposition au régime du président de la République, Kaïs Saïed. Parmi les prisonniers politiques, Abdelhamid Jelassi, ancien dirigeant d’Ennahda, aurait reçu la peine la moins lourde : treize ans de prison. Hattab Slama, un revendeur de voitures d’occasion, sans lien avec les autres prévenus, aurait été condamné à quatre ans de prison. Son inculpation repose sur le fait d’avoir stationné son véhicule près du domicile de l’un des accusés.
Parmi la quarantaine de personnes poursuivies, la grande majorité des accusés en fuite auraient été condamnés à trente-trois ans de prison ferme. C’est notamment le cas de Bochra Belhaj Hmida, avocate et militante féministe réfugiée en France depuis deux ans, ainsi que du philosophe français Bernard-Henri Lévy, dont l’implication, bien que marginale, a amplifié l’écho médiatique du dossier, ou encore de Nadia Akacha, ancienne cheffe de cabinet du président Saïed. Plusieurs avocats ont annoncé que leurs clients allaient faire appel de la décision.
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