
J’ai été à Nouadhibou pendant un moment, et je m’intéressais particulièrement aux questions nautiques et portuaires. À ce titre, permettez-moi de vous dire une chose qu’il faut avoir le courage d’admettre : à Nouadhibou, il n’y a pratiquement pas de véritables plongeurs opérationnels. Pas au sein de la marine nationale, et encore moins dans les services civils.
Les rares plongeurs efficaces qu’on trouve dans cette ville sont des privés, et encore… souvent sollicités pour des petits travaux de maintenance ou de récupération dans le port artisanal. Les entreprises opérant en mer préfèrent faire venir des plongeurs étrangers, marocains ou sénégalais par exemple, pour les interventions sous-marines sérieuses.
Alors quand je lis dans le communiqué du ministère de la pêche que “les plongeurs ont commencé leurs recherches le 11 avril, à 11h et 17h, et ont réussi à localiser l’épave à 38 mètres de profondeur en la balisant avec un sonar”, je me dis qu’on est en train de vendre du rêve au public. Il faut savoir qu’à 38 mètres de profondeur, avec une mer agitée, une visibilité quasi nulle et la pression qu’il y a à ce niveau, ce n’est pas un plongeur du coin qui peut y descendre efficacement, et encore moins plusieurs jours après un naufrage.
Ce genre de mission réclame des moyens spécialisés, un bateau de soutien adapté et une équipe de plongeurs professionnels entraînés à ce type de condition. Le communiqué veut donner l’impression que les recherches sont bien structurées et efficaces, alors qu’en réalité, Nouadhibou ne dispose même pas des moyens humains et matériels pour de telles opérations sous-marines.
Il est temps qu’on arrête ces faux semblants et qu’on dise les choses telles qu’elles sont. Ces pauvres marins disparus méritent mieux que ça.
Souleymane Hountou Djigo
Journaliste, blogueur
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