
Courrier international – La Commission nationale de radiodiffusion (NBC) a ordonné cette semaine aux stations de radio et de télévision nigérianes de “ne pas diffuser” le titre à succès “Tell Your Papa” du rappeur Eedris Abdulkareem, invoquant son caractère “inacceptable”, rapporte The Punch.
La NBC s’est appuyée sur un article du Code de la radiodiffusion nigérian interdisant “la diffusion sur les plateformes de diffusion nigérianes de contenus jugés inappropriés, offensants ou contraires aux bonnes mœurs”, précise le titre nigérian.
Dans “Tell Your Papa” (“ Dis à ton papa”, en français), le rappeur s’adresse directement à Seyi Tinubu, le fils du président nigérian Bola Ahmed Tinubu, qui avait récemment qualifié son père de “plus grand président de l’histoire du Nigeria”.
Mais loin de chanter les louanges du chef d’État, les paroles – en yoruba, anglais et pidgin – exhortent Seyi à “confronter son père face à la dégradation des conditions socio-économiques au Nigeria” et dressent “un sombre tableau des difficultés auxquelles sont confrontés les Nigérians au quotidien”, observe le quotidien anglophone.
Le rappeur lui demande notamment de dire à son père que “les gens meurent” à cause de la crise économique et de l’insécurité causée par les groupes armés.
“Erreur majeure” des autorités
“Il est évident qu’au Nigeria, la vérité et la critique constructive sont toujours considérées comme un grand crime par le gouvernement”, a déclaré Eedris Abdulkareem sur ses réseaux sociaux, invitant ses compatriotes à écouter la chanson sur internet.
Interrogé par The Punch, le président de l’Association des musiciens du Nigeria (PMAN), Pretty Okafor, a souligné que cette interdiction était une “erreur majeure” car elle risquait d’avoir l’effet inverse de celui escompté par la NBC, en rendant la chanson “virale”.
“Ceux qui n’en ont jamais entendu parler ou ne l’ont même pas écoutée vont maintenant la chercher et commencer à la faire circuler”, observe-t-il.
Eedris Abdulkareem “n’est pas un novice en matière de controverse”, note la BBC. En 2003, il avait sorti son titre le plus populaire à ce jour, “Jaga jaga”, qui dénonçait la corruption à la tête de l’État.
Le président de l’époque, Olusegun Obasanjo, avait “violemment réagi, en insultant publiquement Abdulkareem”, rappelle le diffuseur britannique. “La chanson avait été interdite à la radio, mais avait gagné en popularité auprès des Nigérians, devenant un hymne de rue”.
Source : Courrier international (France)
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