Comment le marché de la dette américaine a fait reculer Trump sur ses droits de douane

La guerre commerciale a fait trembler le marché de la dette publique américaine, jusqu'à faire reculer Donald Trump sur une partie des droits de douane colossaux qu'il imposait à beaucoup de ses partenaires commerciaux, selon des sources de marché interrogées par l'AFP.

Courrier international – « C’est la vente éclair de bons du Trésor américain ces derniers jours qui a finalement poussé Donald Trump à reculer sur sa stratégie commerciale », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, évoquant une « ligne rouge » franchie, « une pression telle qu’elle est devenue insupportable – même pour Trump ».

« Je surveillais le marché des obligations », a lui-même reconnu le président américain, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières « effrayaient un peu » les investisseurs.

De quoi parle-t-on ?

Du marché des obligations, où s’échangent ces emprunts effectués par un pays ou un autre, sur un horizon de remboursement qui peut aller jusqu’à trente ans.

Plus les obligations d’un pays sont recherchées par les investisseurs, plus leur taux d’intérêt va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu’ils jugent la dette d’un État plus risquée, ce qui fait monter le taux des obligations, appelé aussi « rendement ».

Les bons du Trésor américain ont enregistré de grands mouvements dans les deux sens depuis l’annonce le mercredi 2 avril de l’offensive protectionniste de la Maison Blanche.

Ils ont d’abord été plébiscités en pleine débâcle boursière, offrant la sécurité d’un rendement garanti pour les investisseurs.

« Lors de telles périodes, il est courant que les investisseurs vendent des actions et achètent des obligations d’État, considérées comme des actifs refuges », explique Hal Cook, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Les taux ont donc logiquement baissé les premiers jours, le rendement de l’emprunt public américain à 10 ans tombant jusqu’à 3,88% le 4 avril, et jusqu’à 4,30% pour celui à 30 ans.

Mais ces derniers jours, le mouvement s’était inversé, les investisseurs se débarrassant au contraire de leurs emprunts publics américain.

Le rendement du même emprunt à 10 ans a ainsi remonté mercredi jusqu’à près de 4,5%, une hausse extrêmement forte, et surprenante quand les investisseurs cherchent des couvertures contre le risque. Le taux à 30 ans, lui, a même dépassé les 4,9% mercredi.

Pourquoi cette forte remontée ?

L’une des explications avancées par les analystes est celle de l’abandon de positions, les investisseurs vendant des obligations pour essuyer leurs pertes sur d’autres marchés.

Les emprunts publics s’imposent comme premier choix de délestage « étant typiquement l’actif le plus liquide », c’est-à-dire le plus facile à vendre rapidement, « que détiennent les grands investisseurs », note Hal Cook.

Mais il juge également « possible que l’incertitude concernant la future politique commerciale et de dépenses des États-Unis soit également une partie de la raison » de la fuite des investisseurs.

Le spectre d’une récession américaine, en conséquence des droits de douane, vient aussi influencer la situation: les taux d’emprunts longs, comme les obligations à échéance 10 ou 30 ans, dépendent « des perspectives de croissance et d’inflation », affirme Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM.

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Paris (AFP)

Source : Courrier international (France)

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