
– Ce tailleur de 60 ans brode des « bishts », vêtements portés par les hommes dans les pays du Golfe depuis des siècles, et dont la confection peut nécessiter parfois des semaines de travail.
Face à la concurrence des manteaux bon marché fabriqués en Chine, l’atelier a du mal à survivre, mais son propriétaire refuse de baisser les bras.
Alors que son fils unique n’a pas voulu reprendre l’activité, M. Mohammed a décidé de transmettre son savoir-faire à ses petit-enfants.
« Nous avons commencé la formation ici, dans l’atelier et à la maison », dit-il à l’AFP, dans son atelier sans fenêtre situé dans l’oasis de Hofuf, dans l’est du royaume.
© AFP Le tailleur Habib Mohammed travaille examine la broderie d’un bisht, un long manteau orné et tissé à la main, dans son atelier de l’oasis de Hofuf, en Arabie saoudite, le 16 février 2025 |
Dans sa région natale d’Al-Ahsa, « il était mal vu pour un homme de se rendre à un enterrement, au marché, ou de rendre visite à qui que ce soit, où que ce soit, sans porter le bisht », raconte le tailleur.
Ce vêtement traditionnel s’est fait mondialement connaître durant la Coupe du monde de football 2022, lorsque l’émir du Qatar l’a posé sur les épaules du champion argentin Lionel Messi après la finale.
Né dans l’atelier
Si le bisht reste souvent porté dans la région, notamment durant les grandes occasions, la fabrication industrielle a pris la place de nombreux ateliers artisanaux.
© AFP Le tailleur Habib Mohammed (g), son petit-fils Ghassan et sa petite-fille Fajr (d), travaillent sur la broderie de bishts, dans son atelier de l’oasis de Hofuf, en Arabie saoudite, le 16 février 2025 |
M. Mohammed, lui, compte sur sa petite-fille Fajr, âgée de 9 ans et son frère de 10 ans, Ghassan, pour perpétuer cette tradition. « C’est toute ma vie », dit-il en les regardant broder.
Vêtu de l’abaya blanche et de la coiffe traditionnelle à carreaux rouges et blancs, il raconte avoir toujours été entouré de bishts.
« Je suis né dans l’atelier et j’ai grandi en regardant ma mère coudre. J’ai vu mes frères et mes cousins travailler avec mon père », ajoute-t-il avec fierté.
Sa femme est également couturière, particulièrement douée, selon lui, pour la broderie des cols des bishts.
Mais la boutique familiale, située dans le marché traditionnel de Hofuf, rapporte beaucoup moins maintenant, déplore son propriétaire.
© AFP Le tailleur Habib Mohammed montre sa production de bishts, dans son atelier de l’oasis de Hofuf, en Arabie saoudite, le 16 février 2025 |
« Les pièces que je faisais pour 1.500 riyals (400 dollars) se vendent maintenant pour 150 riyals. Ce n’est pas suffisant pour gagner sa vie », explique-t-il.
Selon lui, un bisht de qualité pouvait autrefois valoir jusqu’à 6.000 riyals, tandis que les manteaux fabriqués à la machine se vendent aujourd’hui pour une fraction de ce prix.
Hofuf (Arabie saoudite) ( )
Source : Courrier international (France)
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