Massacre de Moura, trois ans déjà et une justice en panne

Trois ans après le massacre de Moura au Mali, aucune enquête n'a été menée pour situer les responsabilités et dédommager les victimes, selon Amnesty International.

Deutsche Welle – Au Mali, il y a trois ans, au moins 500 civils étaient tués lors d’une opération militaire de l’armée malienne et de ses partenaires russes du groupe Wagner.

Le massacre a eu lieu à Moura, un village du cercle de Djenné, dans le centre du Mali. Moura est situé dans une zone contrôlée par les djihadistes de la katiba Macina, affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Cette localité a été assiégée au moins pendant quatre jours, du 27 au 31 mars 2022.

Trois ans après les faits, Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International sur les droits humains au Sahel, revient sur ce qu’il qualifie d' »épisode de violence le plus important depuis le début du conflit au Mali ».

Ousmane Diallo : On parle, selon les chiffres du bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits humains, d’au moins 500 personnes qui ont été exécutées, d’une cinquantaine de femmes et de jeunes filles qui ont été victimes de violences sexuelles.

Il y avait des déclarations du ministère des Affaires étrangères malien disant qu’il n’y avait pas de massacre à Moura.

Quelques jours après, on a vu, un communiqué du procureur du tribunal militaire de Mopti disant qu’une enquête serait ouverte à propos des allégations de tueries à Moura.

DW : Le bilan du massacre n’a jamais été reconnu par les autorités, des promesses d’enquête avaient été faites, qu’est-ce que cela a donné  ?

Ousmane Diallo : Il y a eu le travail qui a été fait par les enquêteurs des Nations unies qui ont pu discuter avec des victimes, des rescapés, des parents de victimes.

Il y a eu cette réaction des autorités maliennes qui accusaient les Nations unies d’espionnage, qui voulaient même arrêter certains des enquêteurs, donc une réaction d’obstruction et de déni.

DW :  Du coup, il n’y a eu aucune enquête du côté malien.

Ousmane Diallo : Une enquête a été annoncée en avril 2022, mais à l’heure actuelle, cette enquête n’est qu’au stade d’annonce. Il n’y a pas eu d’arrestation. Selon nos observations, il n’y a même pas d’acte d’instruction important  mené depuis cette annonce d’enquête.

Et tout laisse à croire que cette annonce a été faite pour un tout petit peu dissiper la colère qui était née à la suite du massacre de Moura, plutôt que d’une sincère volonté de faire la lumière sur ces incidents là qui implique les forces armées maliennes mais aussi leurs alliés de Wagner.

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Carole Assignon

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

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