Au Canada, faire ses courses est presque devenu un acte de résistance

Les supermarchés du pays, entraîné dans une guerre commerciale avec Trump, multiplient les initiatives pour mettre en avant des produits estampillés nationaux, dont l’origine précise n’est pas toujours très claire.

 Le Monde – Dans la guerre commerciale en cours entre deux voisins et alliés historiques, une publicité ne passe pas inaperçue sur les réseaux sociaux. On y voit un senior déposer une pincée de sel dans sa soupe, en regardant sa télé, puis un autre homme casser quelques biscuits apéritifs dans la sienne, avant de la déguster. Soudain, tous deux crachent leur soupe, quand la présentatrice du journal annonce que Donald Trump impose des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens. Le potage vole dans les airs, au ralenti, sur fond de musique classique, avant de se répandre sur les écrans.

Puis un message s’affiche, encadrant une soupe américaine bien connue : « Certaines soupes goûtent les tarifs. » Ce qui laisse entendre que le breuvage n’est pas bon à cause des droits de douane. En contraste, et pour conclure, apparaît à l’écran une soupe canadienne à la tomate, un grand drapeau du pays flottant derrière elle.

Cette campagne publicitaire est un exemple de cette tendance sur laquelle les marques canadiennes surfent pour stimuler l’achat local : la résistance à Donald Trump. Des entreprises voient leurs ventes décoller, dopées par le boycott des produits américains. Une marque de mayonnaise québécoise dit ainsi avoir réussi à quintupler ses ventes depuis que le président américain martèle ses menaces d’imposer des droits de douane de 25 % sur tous les produits du Canada. Pour l’instant, les produits canadiens soumis à l’accord de libre-échange ACEUM (liant Etats-Unis, Mexique et Canada) sont exemptés de la surtaxe, jusqu’au 2 avril, quand d’autres sont déjà surtaxés.

« Maple washing »

D’après un sondage de la firme canadienne Léger en date du 5 mars, 70 % des consommateurs disent avoir augmenté leurs achats de produits canadiens depuis le début de cette crise. Dès les balbutiements de celle-ci, les supermarchés ont eu tôt fait de mettre en avant les produits nationaux. Des étiquettes « Proudly Canadian » (« Fièrement canadien ») ont vite pris place dans les rayons.

Mais il n’est pas toujours aisé, pour les clients, d’être sûrs de faire le bon choix. Dans un supermarché IGA du centre-ville de Montréal, Nathalie Bérubé, panier en main, regarde une bouteille de ketchup. Le logo apposé sur l’étal indique que le produit est canadien (« Le local, on l’a à cœur »), mais la marque est américaine. « Je crois qu’ils ont une usine au Québec, mais je ne sais pas si l’on peut dire que c’est vraiment canadien ! » Elle finit par l’acheter quand même. « Si ça peut aider les travailleurs à garder leur emploi… »

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 (Montréal, correspondance)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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