
Seneplus – L’écrivaine sénégalaise Ken Bugul était l’invitée de l’émission « BL » animée par Pape Alioune Sarr, ce jeudi 19 mars 2025. Dans cet entretien profond et touchant, l’auteure du « Baobab fou » a livré une véritable leçon de spiritualité et partagé sa vision de la société contemporaine.
Récemment honorée d’un doctorat Honoris Causa par l’Université de La Laguna pour l’ensemble de son œuvre, Ken Bugul est revenue sur cette distinction qu’elle considère comme « un grand honneur ». Cette reconnaissance internationale témoigne de l’impact de ses écrits sur plusieurs générations de lecteurs.
« Je mourrai debout », affirme celle qui a fait de la résilience sa philosophie de vie. L’écrivaine établit une distinction claire entre destin et fatalité : « Le destin, c’est le kit avec lequel on naît, tandis que la fatalité est une démission rapide face aux difficultés temporaires. » Cette approche lui a permis de surmonter les nombreuses épreuves jalonnant son parcours.
La spiritualité occupe une place centrale dans la vie de Ken Bugul. Pour elle, il s’agit d’une quête permanente qui transcende le simple cadre religieux : « Du dogme à la connaissance, il faut toujours être dans la quête de Dieu. Plus on pense l’avoir trouvé, plus il nous dépasse. »
L’auteure s’est également inquiétée de l’indifférence grandissante dans la société, particulièrement envers les jeunes. Évoquant le suicide récent de l’étudiant Matar Diagne, elle dénonce l’absence de « garde-fous » pour récupérer ceux qui souffrent : « Personne n’a le temps de personne. Les gens ne se parlent plus, ne s’écoutent plus, ne se regardent plus. »
Ken Bugul a également tenu à rappeler le rôle fondamental mais souvent occulté des femmes dans les traditions spirituelles : « Sans les femmes, il n’y aurait pas eu de religion. » Elle illustre son propos par des exemples tirés des trois religions monothéistes, où les femmes ont joué un rôle déterminant bien que rarement mis en lumière.
Son œuvre littéraire, initialement conçue comme une démarche personnelle de guérison, s’est révélée thérapeutique pour de nombreux lecteurs. « L’écriture qui répare », comme l’a qualifiée un professeur camerounais, trouve aujourd’hui un écho renouvelé auprès d’une jeune génération qui redécouvre ses livres.
Source : Seneplus (Sénégal) – Le 21 mars 2025