Mauritanie – Une réglementation inapplicable : le gouvernement condamne les petites salles de fête

Saharamedias – Le Conseil des ministres a récemment adopté un projet de décret visant à réglementer les salles de fête en Mauritanie. Présenté comme une réponse à l’anarchie du secteur et aux nuisances sonores qu’elles génèrent, ce texte suscite pourtant de vives interrogations quant à sa faisabilité et son impact sur les exploitants, notamment dans les quartiers périphériques.

L’une des mesures les plus controversées concerne l’obligation pour ces salles de respecter une distance minimale de 500 mètres par rapport aux établissements de santé, aux mosquées et entre elles. Si cette disposition peut sembler logique en théorie, son application dans la réalité urbaine mauritanienne relève de l’impossible. Il est pratiquement impossible de trouver un lieu à Nouakchott où l’on soit à plus de 500 mètres d’une mosquée. Une telle exigence condamne donc presque systématiquement les salles de fête existantes et empêche toute nouvelle implantation.

De nombreux citoyens avaient investi des sommes considérables dans ces infrastructures, s’attendant à pouvoir exploiter leur activité de manière légale et rentable. Avec cette réglementation, ils risquent de tout perdre sans aucune compensation prévue par l’État, transformant leurs investissements en pertes sèches.

Par ailleurs, la comparaison avec le secteur des boulangeries, qui doivent également respecter une distance minimale entre elles, montre les limites de cette logique. En raison des besoins de proximité, de nombreuses dérogations sont accordées aux boulangeries, rendant cette réglementation presque caduque. Pourquoi alors appliquer un principe aussi strict à des salles de fête, qui jouent un rôle social évident dans les célébrations et les événements familiaux ?

Autre point problématique : l’obligation pour les salles d’exister sur des terrains suffisamment vastes. À Tevragh Zeina, quartier aéré et mieux planifié, des parcelles de 1200 mètres carrés existent et permettent aux exploitants de se conformer à ces nouvelles normes. Mais dans les autres quartiers, cette exigence revient à une interdiction pure et simple pour une majorité des exploitants actuels. Le décret ne fait donc que renforcer les inégalités entre les centres urbains aisés et les zones populaires, privant ces dernières de services accessibles.

Enfin, la ministre du Commerce et du Tourisme justifie ce décret par la nécessité de mettre fin aux nuisances et à l’occupation anarchique d’habitations transformées en salles de réception. Pourtant, aucune étude d’impact n’a été présentée, et rien ne prouve que ces nouvelles exigences résoudront les problèmes existants. Pire encore, cette mesure risque de favoriser un marché informel encore plus difficile à contrôler.

Au lieu de se concentrer uniquement sur des critères d’implantation géographique, le décret aurait dû mettre l’accent sur des normes techniques essentielles à la sécurité et au confort des usagers. L’insonorisation des salles, les mesures anti-incendie, la présence d’issues de secours et de trousses médicales d’urgence sont des aspects fondamentaux qui, pourtant, semblent être relégués au second plan dans ce texte.

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Source : Saharamedias (Mauritanie)

 

 

 

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