Dribbles déroutants, accélérations fulgurantes, frappes décochées à la vitesse de l’éclair… Le 11 mars, dans les tribunes d’Anfield, des supporteurs de Liverpool se montraient bluffés par le culot de Désiré Doué, entré sur la pelouse juste après l’heure de jeu. Acteur majeur de la victoire du Paris Saint-Germain (1-0, 4-1 aux t.a.b.) en huitièmes de finale de la Ligue des champions, le footballeur de 19 ans a multiplié les actions de classe, en paraissant hermétique à toute pression. Au point de se porter volontaire pour frapper le quatrième tir au but, décisif : d’une grande sérénité, il a logé le ballon près de la lucarne, offrant au PSG la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions.
La performance du jeune attaquant contre Liverpool est l’apothéose d’une période de trois mois aboutie avec le PSG, qui ont valu à « Dez » (son surnom) d’être appelé pour la première fois en équipe de France. Le sélectionneur, Didier Deschamps, a décidé de l’inclure dans le groupe des Bleus pour les quarts de finale de la Ligue des nations contre la Croatie, jeudi 20 mars à 20 h 45 à Split, et dimanche 23 mars au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Je suis en train de vivre mon rêve », s’est réjoui l’ex-espoir, mardi, à Clairefontaine (Yvelines), lors de sa première conférence de presse avec les A.
Malgré son jeune âge, son ascension constitue tout sauf une surprise pour les techniciens qui l’ont accompagné lors de ses années de formation au Stade rennais, à partir de 2011, puis chez les professionnels, onze ans plus tard. « Sa réussite actuelle ne m’étonne pas, car il possède plusieurs éléments indispensables pour faire une carrière à un très haut niveau, estime Bruno Genesio, l’entraîneur de Lille, qui a lancé Désiré Doué en Ligue 1, en août 2022, lorsqu’il était coach du club breton. En plus d’avoir des qualités footballistiques au-dessus de la moyenne depuis son plus jeune âge, sa grande force, c’est son mental. Il a une volonté de réussir et une confiance en lui remarquables. »
« Un gros travailleur, qui ne laissait rien au hasard »
Recruté par le club de la capitale à l’été 2024 pour 50 millions d’euros, le numéro 14 parisien a mis plusieurs mois à s’adapter aux exigences de son entraîneur, Luis Enrique, qui ne lui a jamais retiré sa confiance. D’abord timide et peu convaincant, il a pris son envol à partir du 10 décembre, lors du succès (3-0) du PSG à Salzbourg (Autriche), en Ligue des champions. Ce soir-là, Désiré Doué a marqué son premier but sous les couleurs parisiennes et a délivré une passe décisive, en vingt-quatre minutes de jeu.
Cinq jours plus tard, il a confirmé en Ligue 1 face à Lyon (3-1), en étant impliqué sur deux buts. Depuis, il a multiplié les excellents matchs, comme le traduisent ses statistiques : depuis son arrivée au PSG, il a inscrit 7 buts et réalisé 11 passes décisives en 39 apparitions (toutes compétitions confondues). Luis Enrique, qui l’utilise à tous les postes de l’attaque et dans l’entrejeu, apprécie particulièrement sa polyvalence. Didier Deschamps a mis cet atout en avant pour justifier son choix de le sélectionner lui plutôt que le Lyonnais Rayan Cherki ou le Monégasque Maghnes Akliouche.
La maturité de Désiré Doué et sa capacité à faire les efforts nécessaires pour atteindre le sommet ont marqué là où il est passé. « Il était programmé pour réussir, explique Pierre-Emmanuel Bourdeau, son entraîneur notamment en équipe réserve à Rennes. C’est un gros travailleur, qui ne laissait rien au hasard et mettait tout en œuvre pour optimiser son potentiel : il pouvait prolonger une séance d’entraînement, respectait soigneusement les protocoles de repos, faisait des heures de musculation, regardait beaucoup de matchs pour décrypter le jeu… »
Quelques péchés de gourmandise avec le ballon
A son tour, Julien Stéphan, autre ancien entraîneur du club breton, qui l’a eu dans son effectif chez les pros de novembre 2023 à l’été 2024, le présente comme « un grand professionnel dans son approche du métier » : « Il est très engagé, que ce soit sur et en dehors du terrain. A 19 ans, il a déjà tout compris du haut niveau. » Une assurance qui n’empêche pas le natif d’Angers d’être lucide sur sa marge de progression. Mardi, il a souligné avoir encore « beaucoup de travail à faire ». « Le plus important, c’est la discipline, ce qu’on fait au quotidien et qui conduit au plus haut niveau », a-t-il estimé.
Après avoir signé sa première licence à l’âge de 5 ans, il a franchi les paliers un à un au sein du club breton : il est sorti du lot dans chaque catégorie d’âge, puis a joué en réserve dès ses 16 ans, avant de percer peu à peu chez les professionnels. Une montée en régime dans un cadre familial « sain » et « structuré », selon ses éducateurs, avec un père Ivoirien, qui a pratiqué la boxe à un haut niveau, et une mère française qui l’ont « très bien éduqué ».
« Il a des parents très sérieux, attentifs à la construction de leur fils, aussi bien sur le plan éducatif que dans sa formation de footballeur », témoigne Patrick Rampillon, directeur du centre de formation de Rennes de 1987 à 2018. « Très famille », selon ses proches, Désiré Doué entretient également une relation fusionnelle avec son grand frère Guéla, 22 ans, lui aussi footballeur pro, au RC Strasbourg, et qui, lui, a opté pour la sélection ivoirienne.
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com
